Le chanteur Berbère Marocain Idbassaid sort Chahwa, treizième album de sa carrière marocaine, mais premier distribué en France. Ardent défenseur d’une culture amazigh contemporaine, Idbassaid jette dans Chahwa des passerelles entre nord et sud du Sahara et met en lumière l’extrême richesse de la chanson berbère marocaine.
Ces derniers jours à Paris, et un peu partout en France, les Amazigh sont ravis. Hassane Idbassaid, l’une des principale voix de la chanson berbère marocaine moderne, vient de sortir Chahwa (L’envie), un album très attendu dans la communauté. Un premier opus distribué en France et enregistré en studio professionnel, mais le treizième album d’une carrière entamée il y a quinze ans au Maroc, et qui a pris du poids au fil des années, des rencontres et des collaborations.
Chanson berbère contemporaine
Au début des années 90, Idbassaid fait la connaissance de Ammouri M’Barek, grand nom de la chanson berbère marocaine, tourne avec lui dans plusieurs pays d’Europe, et collabore à l’enregistrement d’un de ses albums. Puis, il affine sa vision de la musique berbère moderne : batterie, basse, guitare, en plus des instruments traditionnels : le violon monocorde, le ribab, et le banjo berbère, le lohtar.
Aujourd’hui, Idbassaid, rendu très populaire par Azoul un duo avec son frère amazigh Takfarinas, explique simplement que "l’idée était de faire avancer la chanson berbère". Faire dialoguer aussi les différentes zones de la Berbérie, l’aire berbérophone. A l’occasion de la sortie de son album Honneur aux dames, Takfarinas soulignait que Azoul était quasi historique : le premier duo contemporain entre un berbère marocain et un kabyle algérien ( !).
Au téléphone du Maroc, où il se "ressource" quelques semaines, Idbassaid souligne simplement "qu’on a attendu 2004 pour faire cela, car les gens ne communiquent pas entre eux. Mais, depuis, cela commence à se mettre en place petit à petit. En France, les associations fédèrent souvent kabyles et berbéres. Mais cela a été long !". Pourtant, pour ces communautés en exil à Paris, c’est souvent le même combat : faire exister leur culture Amazigh en France et à distance dans des pays qui peine à le faire.
"En tant qu’artiste berbère, tu n’as pas le choix, la réussite passe par l’exil. Au Maroc, l’Etat nous marginalise complètement. Cela dépasse bien sûr le côté musical, ce sont des sujets de société...On est boycotté médiatiquement, l’Etat veut maintenir la musique berbère dans un certain folklore. En Algérie, la situation politique est plus dure encore. Alors la musique berbère doit sortir des pays du Maghreb pour exister, c’est sûr. Cela a été aussi le cas pour le raï : promouvoir les cultures, c’est le dernier souci de nos dirigeants". La dernière affaire qui secoue la communauté berbère au Maroc donne le ton : un jeune chanteur voulant participer au télé-crochet national, Studio 2M, s’est vu recaler arbitrairement car il chantait en tamazight. Le formulaire d’inscription mentionnait deux catégories de chanson : arabe ou occidentale. Séléctionné tout de même, malgré sa bonne prestation il n’a pas passé le premier tour...Correspondances inter- sahariennes
Pour autant, Idbassaid, ne choisit pas la revendication politique comme cheval de bataille. Ses chansons parlent d’amour, de sujets de société, de poésie ou d’exil, comme le morceau Paris, écrit par l’écrivain marocain (mais pas berbère !) Tahar Ben Jelloun. Ou du bonheur. Dans Istara, en duo avec la griotte guinéenne Hadja Kouyaté, Idbassaid chante la joie et la simplicité. Peu de collaborations entre le nord et le sud du Sahara mettent aussi finement en valeur l’unité du patrimoine musical Amazigh et les correspondances l’Afrique du nord et de l’Ouest.
"Il suffisait de faire un petit pas vers nos cousins. On oublie toujours que le pays Tamzgha (espace berbérophone ndr), s’étend du Maroc jusqu’à la Tunisie, et descend vers le Niger et le Mali...Nous avons quasiment les mêmes instruments, et utilisons les mêmes gammes pentatoniques, normal qu’on aie les mêmes sons...". Ainsi, les morceaux berbères d’Idbassaid, enrichis de mille sonorités, traditionnelles et contemporaines racontent un peuple berbère ouvert sur le monde, à l’écoute de ses racines et de son époque. A l’opposé de l’image véhiculée par les médias marocains, Idbassaid envisage l’appartenance amazigh comme une richesse, une fierté, et sa musique comme un vecteur d’échange par delà les barrières, qu’elles soient politiques ou géographiques...
Hassane Idbassaid Chahwa (No direction home/Naïve) 2006 En concert le 30 septembre au Trabendo et en tournée en octobre dans toute la France.
Eglantine Chabasseur rfimusique.com
Source: http://www.idbassaid.com
Ça s’appelle “Les Folles nuits berbères”, et c’est au Cabaret Sauvage en octobre et novembre prochains !
Karim Ziad, Hassan Idbasaid et Abdenour Djemai seront les Maestro de ces Folles Nuits Berbères. Ils y goupillent une formation à 8 à destination des doigts de pieds, leur articulation rythmique et leur assouplissement sensuel, et en avant la fantasia ! Il en arrive de partout : des acrobates, des danseuses de toutes latitudes, des trapézistes aux loopings chaloupés... Vous découvrirez soudain que la danseuse, c’est la caissière de tout à l’heure, que votre voisine fait une contorsionniste tout à fait convaincante !
Il y a de la musique, on mange, on danse, c’est le souk. La nuit, essayez-la folle et berbère et, si vous en revenez, vous y retournerez.
Avec Karim Ziad, Abdenour Djemaï , Hassan Idbassaid, David Aubaile, Alain Debiossat, Vincent Mascart, Rabah Sifouane, Hichem Takaoute.
Les artistes de cirque : Maria Angeles (danseuse de cerceau et corde lisse), les Kriskats (duo trapèze, tissu), Lina (danseuse orientale)…
Du mercredi au samedi à 20h30 Entrée : 20€ / 18€ TR (étudiants, demandeurs d’emploi, enfant - 12 ans) hors frais de location
Location fnac/virgin et au 01 42 09 01 09 à partir du 2 octobre du lundi au vendredi de 14h à 18h
Cabaret Sauvage
Parc de la Villette
59 bd Mac Donald – 75019 Paris
Métro Porte de la Villette
Né à Dcheira, Yuba passe son enfance dans cette petite bourgade près d'Agadir (sud du Maroc). Touché par la position marginale de sa culture amazighe (berbère), il rejoint le mouvement de revendication identitaire pour contribuer, à sa manière, à la défense et à la promotion de cette culture millénaire. Yuba écrit alors des poèmes en amazigh pour signifier son attachement à son identité première, avant d'être tenté par la musique.
Convaincu de la place privilégiée de la musique dans le chemin de la lutte, Yuba commence à jouer de la guitare et fonde un groupe de musique. Malgré plusieurs interdictions par les autorités marocaines, il donne de nombreux concerts et il se fait ainsi connaître auprès d'un large public. Son style musical est inspiré de sa culture ancestrale, aux origines millénaires mais Yuba est prêt à toutes les expériences et à toutes les rencontres. Les deux albums autoproduits de Yuba illustrent son souci de la qualité, tant au niveau des arrangements que des paroles.
En 2000, son premier album, Tawargit (Rêve), a connu un succès prometteur au Maroc. Sorti en 2005, Itran Azal (Étoiles le jour), son deuxième album enregistré entre l'Allemagne et le Maroc, remet à l'honneur les instruments traditionnels : lotar, guembri, rribab (imzad), ganga, tallunt, tiqerqawin, naqus, etc. Le titre Tudert ad (cette vie) nous révèle le talent de rénovateur de Yuba. Le rribab, une vièle monocorde au timbre si particulier rappelant celui d'une flûte, est associée traditionnellement à la musique des rrways (troubadours du sud-ouest marocain). Dans tudert ad, Yuba réussit à marier cet instrument rustique à la modernité.
Le titre urt igi résonne de rythmes gnaoua. Assez rare dans la thématique nord-africaine pour être mentionné, urt igi rend un vibrant hommage à ces descendants d'esclaves : « Histoire qui rabaisse l'être humain, Qui a créé l'esclavage, Le baise-main et l'allégeance forcée, Qui oblige à appeler 'Seigneur' celui qui ne l'est pas ! »
Source: www.yubamusic.com
J'ai eu le plaisir de rencontrer Yuba, et de discuter avec lui, lors de l'interview, et je voudrais saluer en lui, non seulement l'amazigh qu'il est, à l'instar des deux grands Yuba (les Rois : Yuba Ier, et Yuba II), mais aussi et surtout la disponibilité dont il a fait preuve, avec un calendrier très chargé et un passage furtif à Paris.
Aux qualités artistiques, qui ne sont plus à démontrer, Yuba, allie des qualités humaines qu'on peine à retrouver de nos jours.
Un grand MERCI également à Karim agnaoui, qui nous a permis cette rencontre.
Nous souhaitons très bon vent à Yuba, et au plaisir de le retrouver sur scène.
Ayyuz nem a tamazight llighen lkkmn,
Izûran nem ghid agh sul llan waman.
Felnkmin midn gh lbur felna-mn irafan.
Mac ! nessfeld iwida-ym ittinin nâam.
Arraw-nem a tamazight a sserm ittellin,
imarratn ay jjenjenm tilli fertlnin.
A-gighen situn rebbi a lhêrf n tifinagh
Menck n tasut addark gh wussan nnun
Ya wzemz rcem ntzerbay kaghak n ttanay
Ullah ar-figh ayyuz ighwi llitn yufan
A-ghinna ghyad illa zây gh illa mat issenn.
Tamazight ura tsiggil s lhûqquq n yan
Lhâq ns asa tsiggil mani kullu kkan ?
Imik ur d ighama gis mani-tn yiwin
A willi nga gh jjenb inw a-fella yurrin.
Gh ass lli nbrra gh lhul yak nmun ukan
Ur bdîn izmmuzâl gh ugharas negh
Ghass lli gh yufa azemz imhî lûtrt negh.
Ûddrn agh kullu lmdars lli gha ttaragh
Ula ghid ghasflidegh kullu lâhiyit.
Igh ira kra agh iîb igh sawelgh nnighas :
Ad gin ixf-ns ghid agh nit ukan lligh
A yissen man ssebr gingh isen ur ifil
Tillid nkwti kayad ajj tilli kullu tugh.
Nttemri gh uqcab aghruc ar agh ikkat
Imttâwn llid îdrn tasa a-tn yallan.
Iwa a tawtemt Tamazight a talli yusin
Arraw iggi n wafud-ns ara sent mmala,
Ad akw izwarn d Tmazight melt i yiwim.
Illa ma yas innan ajj afrux-an îherc
Igh as nemla Tamazight ira ghar itelf
Ass nna gh rûhn lmderst ur issin awal
Ghikk ad iga tabbayt u wawal.
Imma tighri terxa dar wanna tent iran
Igh îhrc warraw mzzin rxan a yissen.
Ilazm kullu mad ikcemn i wamur negh
Akwnt issen a Tamazight ar km isawal
Imma ighd ayt ghi han wanna-t ur issen
Lhâq nes ay ijla d lhâq u warraw-ns.
A tbbimt a Tamazight akal ula aman
A willi n dim temaggarn ayyit ittinin
A tlkemt a Tamazight afa ammu kem righ
An ukan gis tbiddmt yanni kem kuyan.
Rad nefl tagûdi-nem a tent ur awigh
Ur nderk ayyi zzenzent ass nna nemmut
Amin aygh ig rebbi gh tenfit laman...
Source: souss.com