L’abeille (Tizizwit)

L’abeille (Tizizwit)

L’abeille occupe une place privélégiée dans conception traditionnelle et spirituelle kabyle.

Cet insecte laborieux par exellence symbolise la femme porteuse du miel de la Vie.

Les poteries berbères qui représentent des abeilles sont autant de glorifications de la femme dans sa nature créatrice et son attribution de gardienne des traditions. Un non-initié éprouvera beaucoup de mal à déchiffrer les messages composés par les femmes potières.

Ces motifs qui dans la pratique se revèlent faire partie d’un langage rituel et magique des femmes berbères vont très loin dans la sophistification et l’interprétion du monde et les relations des hommes avec l’au-delà.

Le miel dans la Civilisation Berbère

Ibn Khaldoun décrivait les Berbères comme un peuple mangeur de miel. Et pour cause, dans la civilisation berbère ancienne, un culte était dévoué aux reines-mère. C’est le culte de Sais que l’on retrouve chez les anciens Berbères d’Egypte. E.Deonna parle de la reine « Neith une des déesses de la Basse-Egypte, contrée dont l’abeille est le symbole de royauté et dont un ces sanctuaires s’appelle « La Demeure de l’Abeille ». En Egypte ancienne encore, on se servait de la cire dans la momification et le symbole apilin désigna pendant une longue période le Royaume d’Egypte.

Il fut un temps aussi où la Kabylie était réputée pour son miel et fournissait l’essentiel de la cire de la vieille Europe. D’où le nom de Bougie pour l’actuelle Bgaiet.

Légendes anciennes

Dans la Berbérie de l’Antiquité on pensait que les abeilles pouvaient naître spontanément d’un animal mort sacrifié à la divinité.

Croyances que l’on retrouve dans la tradition biblique. Les abeilles apparurent dans les entrailles du lion tué par Samson dans les vignes de Tinnna. Il mangea de ce miel et en donna à ses parents, sans leur dire d’où il provenait. (Juges,14)

Une légendes des Aurès se rapproche de cette légende. Elle concerne l’origine des Ouled Aïcha, l’une des grandes tribus chaouie. L’ancêtre des tribus aurésienne, un vieillard centenaire avait deux fils Daoud et Abed des ses deux premières femmes. Chacun des fils fondèrent respectivement les tribus des Ouled Daoud et Ouled Abdi (fils de Daoud et fils d’Abed). Un jour, autour des campements nomades des tribus, apparut un gigantesque serpent. Pour s’en débarrasser, Daoud, le fils aîné, profita du sommeil de l’animal pour le recouvrir d’herbes sèches auxquelles il mit le feu.
Il ne resta du serpent qu’un tas de graisses calcinées que les abeillent butinèrent.
Craigant que la récolte de miel soit empoisonnée, ils prirent le risque de sacrifier le patriarche du village, en l’occurence leur père devenu aveugle avec l’âge.
Le miracle se produisit et Bourak retrouva la vue. Percevant la cérité, mais empli de joie, il pardonna ses fils et leur demanda de lui chercher une nouvelle femme.
Seule la vieille nommée Aïcha la folle, consentit de se marrier avec centenaire : c’ets d’elel que naquirent les Ouled Aïcha dont les femmes de ce troisième clan aurésien portent au bras le khalkhal d’argent (bracelet fermé par deux têtes de serpent).

Signification du symbole

Dans de nombreuses traditions culturelles, l’abeille est considérée cvomme le symbole de la résurrection, douée d’une nature de feu.
Elle symbolise aussi l’amour.
Elle repésente l’esprit, la parole, la purification par le feu.
Brûlant par son dard, elle nourrit par son miel, illumine par son éclat.
Sur la plan social elle symbolise l’ordre et la prospérité.

Signification agraire

Symbole solaire.
L’abeille ne sort pas de sa ruche durant la saison d’hiver(trois mois).

La poterie de Djemila

"Sur cette cruche nous retrouvons le lien qui existe dans le décor, entre l’abeille et les zigzags du serpent qui se déroule tout le long de la panse. Il faut y voir là deux symboles liés de mort et de putréfaction de la végétation (serpent dépouillé de sa peau comme la terre de sa verdure) en vue d’une re-naissance personnifiée par l’abeille solaire".

L’abeille de Maatkas

L’abeille intègre par ses élytres (antennes), le cycle complet des lunaisons suggéré par le cercle. Elle est l’image de la fécondité de l’abondance et de la prospérité.
Ses élytres se déclinent aussi avec les feuilles autour d’un corps axial en épi.
Elle connote une union bénéfique entre de signes mâle (épi) et féminin (cercle, feuillage ouvert, sillon).

Symbole féminin

Ces motifs qui sont traduits en kabyle par les noms de l’oeil ou de la ruche représentent tous le sexe féminin et sont sensées lui apporter la fécondité.

Qui sait si la représentation de l’abeille ne sert pas encore aux femmes kabyles à entretenir une magie pour ne pas dire une sacralité qui leur était dévouée du temps où le sociétés berbères étaient matriarcales à leur fondement !?

Stéphane ARRAMI

Sources :

Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne.
Jean-Bernard MICREAU, Céramiste, Conseiller à la SNAT Société Nationale d’Editin et de Diffusion Alger 1976

Makilam, Signes et rituels magiques de femmes Kabyles, Edisud, ISBN 2-7449-0042-7 - février 1999, 160p.

Source: Kabyle.com