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La volonté manifeste du ministère de l’Intérieur de dissoudre le Parti Démocratique Amazigh Marocain a remis au devant de la scène politique la question de l’Amazighité, six ans après le discours d’Ajdir. Sur le terrain les donnes ne sont guère reluisantes: un IRCAM qui depuis qu’il a vu le jour s'enlise dans des déchirements internes entre ses membres et un enseignement boiteux de la langue amazigh qui peine à s’extirper des sables mouvants de l’inertie ambiante. Des résultats nettement en deçà des aspirations des premiers concernés, les amazighs. Dans ce contexte, la dissolution du PDAM ne fera qu’approfondir davantage le gouffre séparant désormais le reste des Amazighs de l’establishment politique. A l’heure que les négociations sur le Sahara occidental passent par une phase cruciale et que le Maroc ne cesse de réclamer un dialogue sincère avec l’Espagne sur l’avenir de Sebta et Melilla, l’interdiction du PDAM ne pourrait que porter un préjudice à une diplomatie appelée à combattre sur deux fronts. Si la Justice entérine ce nouveau caprice du ministère de l’Intérieur, elle ne fera que lézarder l’image d’un pays qui n’a cessé de clamer son « modernité » et son « ouverture » à toutes les tendances politiques. Les habitants d’origine marocaine de Sebta et Melilla ont leur propre partis politiques qui les défendent et les représentent dans les parlements locaux. Il est absolument hors question pour le département de l’Intérieur d’interdire, demain, ces formations politiques sous prétexte qu’elles sont « en contradictoire avec l'article 4 de la loi sur les partis politiques ». Un code de partis fallait le rappeler a été adopté lors d’une session marquée par une forte absence des députés. En fin de compte que reproche l’Administration au Parti Démocratique Amazigh Marocain ? D’être fondé sur une base linguistique ou ethnique, dans ce cas là que dire du PJD qui affirme être un parti islamiste. Que dire encore de l’Istiqlal qui ne cesse de crier à qui le veut entendre qu’il est un parti attaché à l’identité arabe des Marocains. Un principe réitéré récemment par Abbas El Fassi lors de la présentation de sa déclaration des souhaits devant les députés. Dans les deux cas, l’islam et la langue arabe sont deux composantes fondamentales de l'identité marocaine et appartient à tous les Marocains, et selon la terminologie officielle ne peuvent en aucun cas faire l'objet de surenchères politiques. Deux poids deux mesures a encore de beaux jours devant elle.
Mohamed Jaâbouk |