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Simane et Anaya.

  

11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00


Au-delà de sa fonction appellative ou vocative, les logiciens et les
philosophes du langage n'ont vu dans le nom qu'un indicateur à signification rigide, autrement dit, un terme qui renvoie toujours, quel que soit le “monde possible” envisagé, à un même individu ou objet. La présente texte tend principalement à exposer quelques valeurs sémantiques et symboliques du nom dans les devinettes berbères, elle ne prétend aucunement à cerner toute la question, c'est pourquoi elle s'annonce comme une description. Considérées comme une manifestation langagière mineure, les devinettes berbères, vu leur caractère notoirement folklorique, étaient automatiquement ravalées au rang des procédés stylistiques ou des curiosités plaisantes et divertissantes

Une lecture attentive des devinettes berbères permet de relever un nombre considérable de noms qui jalonnent le tissu des devinettes berbères. Quels sont le statut et la fonction du nom dans les devinettes berbères ? Au fait qu'est-ce qu'il désigne ? A-t-il une portée référentielle ou restait-il dans le cadre du simulacre ?
La présence du nom dans les devinettes berbères est en effet loin d'être fortuite, car le poseur des devinettes présente son texte comme un réflecteur à facettes en habillant la question par un espace où le nom recouvre l'ensemble de la devinette.


Le corpus soumis à l'analyse est constitué de 783 devinettes berbères (berbère du Maroc : tamazight, tarifit et tachelhit) le berbère du Sahel (Niger et Mali). Nous pensons qu'il s'agit d'un corpus assez représentatif pour pouvoir donner une idée générale sur le fonctionnement des noms.

La classification des noms relevés selon les différents champs sémantiques répond à deux objectifs essentiels:
a- la présence de noms dont l'emploi et la signification sont différents de leur usage dans la langue ordinaire en renvoyant à d'autres référents avec qui ils partagent certains traits sémantiques.

b- la présence de noms qui ne présentent qu'une minorité, ils renvoient à leur tour à d'autres référents avec qui ils ne partagent aucun trait distinctif. Néanmoins, leur emploi consiste à déterminer l'appartenance catégorielle de l'entité à deviner (genre et nombre).

C'est en relevant tous les noms et en les analysant en relation avec les autres termes représentant «la question » puisqu'ils forment un lien soudé que l'on peut faire une analyse nouvelle du lexique des devinettes.
Dire qu'il existe exactement tel ou tel nombre d'articulations significatives pour le nom est une chose erronée. C'est pourquoi trois domaines de significations jugés dominant seront dégagés et appuyés d'illustrations quant à l'utilisation du nom: analogie, métaphore et symbolique.

1- Analogie

S'interroger sur le rôle du nom dans la comparaison quant à la définition des objets à deviner, dans le but de présenter leur spécificité, ce sera, dès l'abord, prendre acte de cette figure et montrer son rôle :
1- lun nne-s am win uhaqqar ha tadu zund lktab
Sa couleur est celle d'un corbeau et son pli est celui d'un livre. (taxamt/tente)
2- Cwiyt n htitibiti am _ugurdn ywerm azduz.
Un petit rien du tout comme une puce qui enfante un pilon. (left/ navet).
En considérant ces deux premiers exemples, on remarque qu'ils renferment respectivement quatre noms : ahaqqar, lktab, agurdn et azduz (corbeau, livre, puce et pilon).

Les noms « aheqqar » et « agurdn » (corbeau, puce) représentent par translation du sens la tente et la graine du navet. Dans ces deux exemples, les noms corbeau et puce ont un sens concret, autrement dit, des animaux : le premier est un oiseau, le second un insecte. Ainsi la définition et la détermination de la noirceur sont effectuées au moyen de nom d'animaux qui servent de support prototypiques. Ceux-ci assurant le rôle du comparant fonctionnent comme moyen de représenter typiquement la propriété inférée par la structure comparative.

En outre, l'utilisation des noms (corbeau et puce) engendre une image réelle en tant qu'elle relève du vécu senti et reconnu comme tel. En effet les tentes berbères sont excellemment connues par leur couleur noire, d'où leur comparaison au corbeau qui représente dans la culture marocaine le symbole de la noirceur. Il en est de même pour la petite graine du navet dont la forme et la couleur ressemblent à celles d'une puce qu'est connue de par sa petitesse par sa noirceur.

Quant aux noms «azduz» et «lktab », ils sont employés respectivement pour désigner par translation de sens la forme du navet qui ressemble à celle d'un pilon et le pli ou bien le tri de la tente. Les nomades berbères changent de campement ramassant leurs affaires et leurs biens, quant aux tentes, ils les plient en quatre ou six parties, ainsi pliées et rangées, elles ressemblent à un livre fermé.
Pour définir un objet comme grand, petit, rond, un objet qui est rouge, noir ou ayant une autre couleur, le questionneur se sert des noms comme régulateurs stables renvoyant aux différentes propriétés inférées par la devinette berbère.


En guise de conclusion, nous dirons alors que l'ensemble des noms formant le processus analogique fait apparaître une pratique signifiante instaurée par l'emploi de ce que nous avons appelé « supports prototypes ». Ces supports sont représentés par des noms qui réfèrent à des notions émanant d'un consensus et d'un compromis partagés par la communauté linguistique berbère.

2- La métaphore

Oxymore, comparaison et métaphore, tels sont les principaux transferts de sens qui fondent ce que nous pouvons appeler la poéticité matérielle de la devinette berbère. Cette poéticité s'inscrit dans l'économie générale du jeu langagier ; elle participe de l'efficacité de ce genre de production ludique dans laquelle les deux protagonistes « le questionneur et le questionné » semblent être prisonniers d'un jeu de codage et de décodage. Les lignes qui vont suivre n'ont pas l'intention d'embrasser l'ensemble des figures de style contenues dans les devinettes berbères. On s'attachera simplement à relever quelques métaphores nominales.

Le jeu des devinettes berbères est présenté, en effet, autour d'une production de métaphores aussi singulières les unes que les autres. Et loin d'être simple ornement du discours, déguisement et travestissement verbal inutile, cette figure de style apparaît comme une modalité définitoire de la devinette berbère.
A travers les exemples suivants, on se rendra compte que la métaphore permet des homologations lexicales très particulières attribuant des propriétés qualitatives et formelles aux entités à deviner :
a- adan/ intestin
3- cwiyt nhtitibiti itjarra yadan
Un petit rien du tout traîne des intestins. (tisineft d ufiru/ aiguille et le fil à coudre.

Le questionneur définit le fil à coudre «afiru » en employant le nom « adan ». Ce viscère sert de dénomination au fil à coudre qui passe à travers le chas d'aiguille. La définition du fil à coudre est donc subordonnée à la métaphore pour attribuer une signification particulière à l'ensemble de la devinette. Le choix du nom commun «adan» a-t-il une relation avec le fil à coudre ? Quelques convergences entre le fil à coudre et le nom «adan » peuvent-elles s'expliquer par des interventions culturelles ?
Sur le plan sémantique, il paraît indispensable de distinguer clairement entre « fil à coudre » et intestin / adan.
Le premier élément est une matière textile servant à la couture entre autres. Le second une partie du corps. La propriété commune entre ces deux noms est leur « longueur ».

Le fil à coudre est décrit par métaphore comme un intestin en neutralisant toutes les propriétés différentielles pour n'en garder qu'une seule à savoir la longévité.
L'enjeu d'une telle figure est de communiquer toute une charge culturelle : les intestins servent (chez les imazighens, en effet, à la confection des fils de boyau qu'ils utilisent dans la fabrication des instruments de musique ou le ligament qui servent d'attache.

b- tukrist/ besace :
4- imun d u gharas yasi tukrist

Il traîne le long du mur / du chemin portant une besace. (Barbus / escargot).
Dans cette devinette, le nom « tukrist » (besace) réfère par translation du sens à la coquille d'escargot (forme arrondie) que ce mollusque transporte éternellement avec lui. La métaphorisation de la coquille par la besace entre ces deux mots différents l'un de l'autre permet de restituer un trajet de correspondance entre la coquille et la besace de sa rondeur mais aussi par sa légèreté.
c- isemxan / nègres
:
5- kra isemxan ar ukan tlullun h idammen nnsen

Des nègres se roulent dans leur sang. (tazagmmut d wargan)/ l'huile d'argan.
A travers cet exemple, on voit nettement que la référence à la culture est frappante. La métaphore dévoile à travers les devinettes la relation étroite avec la culture berbère où « isemxan » (nègres) sont liés à l'esclavage. A côté de cette propriété, isemxan représente du même coup la symbolique de la couleur noire. Quelle est donc la relation entre tazgmmut (pâte) et sem_an ?
Pour répondre à cette question, on doit revoir l'opération de la préparation de l'huile d'argan. Cette opération commence d'abord par l'écrasement des graines ; on obtient alors une sorte de pâte que les femmes divisent en petites boules de couleur marron foncé d'où justement leur métaphorisation en nègres. La propriété définitionnelle commune entre ces deux éléments est donc la noirceur.

En faisant ces petites boules, les femmes les serrent bien fort (sorte d'une forte pression) pour récupérer tout le jus qu'elles contiennent, le jus obtenu n'est autre que l'huile d'argan qui a une couleur rouge foncé ; pour définir justement cette couleur, le questionneur emploie le nom « sang »
« idammen ».
d- alghem / chameau :
6- alghem baba rebi ign ukan f n-neamat n-nes
Un chameau du bon Dieu couché sur ses biens. (afarnu / four).
Le nom d'animal argem est rapproché à une personne couchée pour désigner en fait par translation du sens le four. Ce n'est plus le rapprochement basé sur la grandeur de la taille du chameau qui est mise en cause pour représenter l'objet à deviner mais plutôt sa position couchée qui donne une forme arrondie. «farnu » est un four qu'on construit dans un coin de la cuisine traditionnelle appelée « anwal ». Il est comparé à un chameau couché à cause de sa forme arrondie : afarnu est muni d'une ouverture par-devant pour introduire le pain qui est considéré comme un bien de Dieu.

3- La symbolique

Le déchiffrage des devinettes berbères s'effectue en fonction de leur portée symbolique. Celle-ci semble avoir pour corollaire le culturel. C'est le seul moyen qui permet d'accéder à la perception du monde environnant. Représenter les7choses ou bien les objets par le non représentable ne veut-il pas dire « symboliser » ?

Le traitement des noms dépasse le traitement des traits sémiques pour embrasser les traits symboliques fondés sur processus consensuel attesté.
8- s lhend jebden ased tasa nne-s yren d-s tasawin ur igin tinnes
C'est avec du fer qu'ils lui ont extrait ses foies et y ont jeté des foies qui ne sont pas les siens. (imettin,tindelt/, morts, tombe).

Le foie fait partie des organes qui se situent à l'intérieur du corps humain. Il représente dans la littérature populaire berbère la faiblesse, l'amour, l'affectivité mais aussi la progéniture. Le foie n'est pas considéré, dans cette devinette, comme un organe qui remplit plusieurs fonctions, mais aussi comme la progéniture d'une personne. Il s'agit de définir respectivement les entrailles de la terre / de la tombe et les morts.

L'orientation que nous venons de donner dans ce texte montre que les noms traduisent des tendances dominantes dans la mise en discours des devinettes berbères. Pour valoir son impact sur cette démarche, il suffit de rappeler que par les valeurs sémantiques et symboliques des noms, nous sommes arrivés à faire émerger quelques caractéristiques de la culture berbère..


source: lematin.ma
 
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commentaires

A
Coucou... Bienvenue chez nous !<br /> Gros bisou de Montréal<br /> Alexandre-Gabriel
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