Le mariage fait naturellement partie des normes sociales chez les rifains : cette institution consolide des alliances entre familles (et par extension de tribus), au-delà de l’union entre deux individus. Voici les descriptions des cérémonies de mariage rifain chez les Iqar3yen et les Aït Iznassen.
LE MARIAGE TRADITIONNEL CHEZ LES IQAR3YEN Tout commence après accord sur la
sdaq fixée lors de l’
3adran (officialisation du mariage). Il s’agit d’une somme d’argent versé par le père du garçon à celui de la fille, que ce dernier doit absolument dépenser pour le trousseau de sa fille (bijoux, vêtement, meubles…).
Le mariage a lieu en général en été (après les récoltes), période d’abondance...
Les cérémonies durent 3 jours : chez les parents de la mariée (1er et 2ème), chez les parents du marié (2ème et 3ème). Le mariage se conclue 7 jours après ces cérémonies par le rituel du voile (
tighrit )
Les modalités cérémonielles Chez les parents de la mariée, les rituels se font par les femmes en général dans une chambre. La mariée doit cesser toute activité 7 jours avant le début des cérémonies. Elle doit prendre un bain quotidien . Le premier jour, les femmes l’habillent d’un vêtement traditionnel, et lui applique du henné aux pieds, aux mains (voire aux cheveux et visage). Elle est installée sur un fauteuil et voit défiler les invités. Il semblerait que des femmes assez âgées se livrent à des rites d’initiation sexuelle et se moquent de la jeune mariée. Les hommes quant à eux sont à l’extérieur (cour/jardin) où ils discutent et reçoivent un repas.
Chez les parents du marié, le père est organisateur avant tout et n’a aucun rôle dans les rituels. Il doit honorer ses invités par tout le faste qu’il est capable de déployer : groupes de musiciens, chanteur/danseuses, nourriture, cavalier de fantasia…Les
ayaz et le père du marié sont spectateurs des cérémonies, les véritables acteurs sont :
- Le marié : pendant tout le déroulement du mariage, il est qualifié de «
muray » (es-sultan) ; sa tenue vestimentaire renvoie au statut de souverain ;
- Les jeunes célibataires : en général, les amis du marié. Ils sont là pour l’honorer en même temps qu’ils se moquent du « faux sultan ». Cette occasion du mariage, leur permet de tenir une attitude opposée à celle qu’ils ont d’ordinaire vis à vis de leurs aînés. Une opportunité de se lâcher…tenant tantôt des discours obscènes, tantôt ironisant sur le sort de leurs aînés ;
- Les musiciens : ils animent la fête et sont aussi les complices des jeunes. Le paradoxe : ce sont des gens de basse condition, sans terres, considérés comme non musulmans. Ils sont infréquentables d’ordinaire mais restent toutefois indispensables aux mariages. Ils peuvent être accompagnés de danseuses (prostituées). Leurs instruments de musiques traditionnels :
zammar et
daf (tambour). Un membre du groupe, l’
abarrah tient un rôle important durant les cérémonies, notamment au cours des rituels.
Les rituels Le déroulement du mariage est (était du moins) axé autour de 4 rituels :
- La danseuse et les bouffons : le 2ème jour
- Le hénné : le soir du 2ème jour
- Le
ghrama (allégeance par le don) : le soir du 3ème jour
- Le
tigrit (rituel du voile) : le 7ème jour après les cérémonies
1- La danseuse et les bouffons Cette tradition a lieu le 2ème jour des festivités dans la maison du marié.
« Ce jeu se déroule uniquement lorsque deux groupes de jeunes décident de s'affronter, avec l'aide des musiciens, de l’Abarrah et d'une danseuse. Il débute de la manière suivante : un membre du premier groupe met une pièce de monnaie dans la bouche de la danseuse et l'envoie vers l'autre groupe, accompagnée de l’Abarrah. Celui-ci transmet des paroles de défi : « Oh voilà qui nous sommes ! Ce sont les fils d'un tel, d'un tel et d'un tel qui s'adressent à vous et vous défient ! » La danseuse rend la pièce aux donateurs et repart vers le deuxième groupe de jeunes. Ceux-ci lui mettent plusieurs pièces dam les cheveux ou le chignon et dans la bouche et transmettent à l’Abarrah leur réponse : « Nous savons qui vous êtes ! Voilà qui nous sommes, les fils d'un tel, d'un tel, d'un tel ! Si vous êtes des hommes, ne vous cachez pas, montrez-vous ! »
A partir de ce moment, le jeu est lancé. Chaque groupe choisit des mots de plus en plus obscènes pour ridiculiser son rival et d'autres de plus en plus élogieux pour vanter ses propres mérites. Cette escalade verbale s'accompagne d'une surenchère dans l'étalage des pièces d'argent sur le corps de la danseuse. Les pièces sont glissées di ceinture ou accrochées à sa robe. Le jeu ne se termine que lorsque tout son corps est tapissé de monnaie. L'argent est ensuite rendu à ses propriétaires. »
Interprétation possible : Ce jeu tourne en dérision l’honneur des aînés, notamment autour du paiement de la sdaq
2- Le hénné Ce rituel a lieu le 2ème jour des festivités chez les parents du marié.
« Le marié sort du lieu des festivités, accompagné de ses amis. Il revêt une djellaba neuve et en rabat le capuchon sur sa tête. Un cortège s'organise. Le marié-sultan est tenu de chaque côté par un de ses amis. Ces deux personnages, appelés
iyuzuren (vizir), ou « ministres », lui servent de guides. Une de ses jeunes sœurs ou cousines parallèles balance au-dessus de sa tête une perche au bout de laquelle est attaché un ruban : c'est le parasol du sultan. Deux groupes de jeunes sont placés en avant et en arrière de ces quatre personnages. Le simulacre de l'intronisation commence. La procession revient lentement vers le lieu des festivités. Le groupe placé en avant entonne un chant à la gloire de Dieu. Puis il avance de quelques pas, suivi du marié et de ses iyuzuren. Le deuxième groupe reprend le même chant, puis fait quelques pas en avant. Cette scène est répétée plusieurs fois, jusqu'à ce que le cortège arrive au centre du lieu des festivités. Là sont disposées trois chaises qui tournent le dos à l'endroit où se tiennent les femmes. Sur le siège du milieu est assis un agnat [parent] du marié, mouray-es-sultan.Celui-ci lui embrasse le front et s'assied ensuite à sa place. Il est signifié qu'un nouveau souverain vient remplacer le précédent. Les deux iyuzuren occupent alors les deux autres sièges.
Les femmes du groupe du marié commencent à préparer le henné. Quand les graines de henné ont été moulues et mélangées avec de l'eau jusqu'à constituer une pâte épaisse, deux ou trois petites filles, sœurs ou cousines du marié, versent cette pâte dans une calebasse et viennent la présenter au mouray-es-sultan. Ce dernier doit y plonger sa main droite. Mais, avant qu'il n'esquisse ce geste, les iyuzuren peuvent demander en son nom de l'argent aux fillettes. Celles-ci donnent quelques pièces et devront en apporter davantage si les iyuzuren l'exigent. Cet argent mis dans la poche du marié sera rendu à son propriétaire, c'est-à-dire au père de l'époux.
Le marié, la main dans le henné, guidé par ses deux iyuzuren et suivi par ses jeunes amis, se lève et se dirige vers la chambre nuptiale encore fermée. Il ouvre la porte et entre, puis il retire sa main enduite de henné et l'applique sur un des murs. S'il répète ce geste plusieurs fois, cela indique qu'il est bien disposé à l'égard de son épouse. Les jeunes qui assistent à ce rituel prononcent alors les paroles : « Maintenant ils (le couple) sont mariés. » Par là, il est signifié très exactement que le mariage est consommé sexuellement, ce qui n'est pas encore vrai physiologiquement. Chaque jeune met, s'il le veut, un doigt dans le henné pour, dit -on, bénéficier de la baraka. La cérémonie est terminée. Les jeunes reprennent leur place dans le cercle des festivités et le marié, après avoir enlevé sa djellaba va rejoindre ses agnats et les aide à servir les invités. »
Interprétation possible : Ce rituel symbolise l’intronisation du marié qui représente « le sultan » et la fécondation de l’épouse sous la bénédiction divine (baraka portée par le hénné)
3- Le ghrama « Payer le ghrama signifie faire acte d'allégeance à une autorité supérieure sous la forme d'un don. Les invités donnent de l'argent au mûrir, mouray-es-sultan. Chaque don est comptabilisé et sera rendu quand le donateur, son fils ou son frère se marieront.
Comme le rituel du henné, celui du ghrama commence par la séquence de la procession qui s'avance vers le lieu des festivités et les trois sièges, vides cette fois. Le marié-sultan s'asseoit au milieu, le capuchon de sa djellaba neuve rabattu sur sa tête, ses iyuzuren assis à ses côtés. Devant eux, à la droite du marié, sur une petite table, est disposé un plateau d'argent recouvert d'un tissu de soie, sur lequel vont être déposés les dons. En avant se tient l'Abarrah. C'est lui qui reçoit les dons des invités. Avant de déposer ceux-ci sur le plateau, il doit proclamer le nom de chaque donateur et vanter les mérites de sa lignée. Un agnat du marié sachant écrire, ou à défaut un lettré, doit noter sur un cahier le nom du donateur et le montant de son don.
L'offrande commence par les dons individuels des agnats des deux époux et des invités isolés qui ne font pas partie des groupes constitués. Chacun d'eux donne une somme d'argent à l'Abarrah qui annonce le montant du don, le nom du donateur, et qui le remercie au nom du marié-sultan. Ensuite vient le moment attendu de l'affrontement segmentaire. Les jeunes prennent position à l'avant, sur deux lignes face à face, les vieux restent à l'arrière, se contentant de passer leurs dons aux jeunes. Au milieu se tient l'Abarrah. Un donateur du premier groupe l'agrippe, lui glisse une somme équivalente à cinq ou dix francs et lui demande de vanter sa lignée, ses ancêtres et son groupe. D'autres membres du groupe font de même. L'Abarrah doit trouver de belles formules pour magnifier ces actes de générosité. Après cette première série de dons, un donateur du deuxième groupe saisit l'Abarrah et le même scénario se répète. Puis l'aberrah est ramené de nouveau vers le premier groupe pour une autre série de dons. A partir de ce moment, les deux groupes s'arrachent tour à tour l’Abarrah et se font couvrir de louanges de plus en plus exaltées. Au cours de ces joutes oratoires, on ne s'adresse jamais directement à l'autre. On ne le dénigre pas. Tout se passe comme si on l'ignorait. Mais en fait, tout le monde sait qu'il s'agit d'écraser l'autre par la force de ses paroles, et par la somme d'argent offerte.
L'affrontement terminé, les jeunes viennent entourer le marié-sultan qui n'a pas bougé, et chantent ses louanges tout en se moquant de lui. L'Abarrah, qui a repris ses esprits, proclame le total de la somme reçue par le marié. Les festivités reprennent.
Les multiples dons reçus par le marié au cours de ce rituel et qui doivent être rendus ultérieurement s'inscrivent dans des cycles d'échanges entre les familles iqar'iyen. Chaque mariage conclut certains échanges quand l'invité rend une somme équivalente à ce qu'il a reçu pour son mariage. »
Interprétation possible : ce don entretient les interactions et échanges sociaux, dans leur solidarité. La somme récupérée par les mariés leur permet de construire leur foyer comme s’ils contractaient un crédit à moyen/ long-terme. Enfin, ces dons sont aussi des actes de soumission à une autorité (le sultan), et au-delà à Dieu qui délivre ainsi une baraka sur la descendance du marié
4- Le tighrit A la fin du 3ème jour. Le marié consomme son mariage. Et pendant 7 jours, la jeune épouse ne quitte pas sa chambre. Le lendemain du mariage et le 3ème jour les parents de l’épouse viennent dans la maison du marié et leur apporte de la nourriture, tandis que le 5ème jour le jeune marié présente sa femme aux parents. Au 7ème jour, les mariés reviennent à la vie publique ; désormais le marié perd sa fonction de « muray ».
« Un groupe de jeunes amis du marié vient lui rendre visite. Ce sont les premiers visiteurs qu'il reçoit dans la chambre nuptiale désertée pour la circonstance par la mariée. Un thé leur est offert. Un voile [maculé de sang] sépare le lit des époux de l'espace où sont assis les invités. Ceux-ci se répartissent en deux groupes et commencent un simulacre de compétition pour l'achat du voile et des fruits et gâteaux placés dans le lit et sous le matelas. Avant d'arriver, les jeunes s'étaient déjà mis d'accord entre eux sur le déroulement du jeu. L'invité qui paye la plus forte somme arrache le voile et prend fruits et gâteaux, après avoir complètement défait le lit en faisant des allusions grivoises aux rapports sexuels du nouveau couple. Il peut garder toutes ces friandises pour lui, mais il est d'usage qu'il les partage avec les autres et que tout le monde les consomme sur place. Toute la cérémonie se déroule dans l'hilarité générale. Le marié présent doit rire, lui aussi ; il n'a pas le droit de protester.
Dans ce rituel, la dérision ne s'adresse plus aux aînés mais au marié lui-même. Celui-ci n'est plus le mouray-es-sultan des rituels du mariage, mais seulement ce jeune époux qui vient d'établir son autorité sur sa femme, son domaine de l'interdit, et qui voit se profiler devant lui sa carrière d'homme d'honneur. (…). La dérision des jeunes, indique qu'il sera un jour la victime de l'honneur qu'il revendiquera pour lui-même et pour son groupe dans les échanges de violence. Son domaine de l'interdit sera transgressé, sa richesse et sa descendance seront ingérées par ces jeunes qui représentent ici la société segmentaire en acte. »
Interprétation possible : Ce rituel marque la violence symbolique propre à la société Iqar’yen (rifaine par extension ?). En effet, le voile symbolise l’autorité et l’accès pour le marié à un statut d’homme responsable ; mais en même temps, le fait d’être arraché par ses amis montre la possibilité de transgresser cette autorité. Il rappelle alors que des conflits peuvent toujours surgir et remettre en question son honneur.
Le symbolisme du mariage Raymond Jamous considère ainsi le mariage comme une représentation théâtrale caricaturant la structure sociale rifaine (iqar3yen en l’occurrence) dans ses fondements (honneur/ violence/ baraka), et en même temps affirme la nécessité de ces cérémonies pour reproduire l’identité communautaire. Le mariage prédestine un individu et en même temps toute une société (à travers l’intronisation du rôle du marié-sultan). Il marque en même temps le renouvellement générationnel plus ou moins conflictuel, où les jeunes relayent au second plan les hommes responsables (pères – hommes mariés), s’affirment et portent à la dérision les valeurs de leurs aînés.
[Posté par Clandestina34- 20/10/2004]
--------------------------------------------------
NOCES ET RITUELS CHEZ LES AÏT IZNASSEN A chacun son «bled», le mien est dit «inutile» même s'il offre un havre sûr par son barrage aux flots de Moulouya qui y finissent leurs courses freinées depuis le haut Atlas pré-oriental pour désaltérer et éclairer les toits de l'Oriental.
Idylle ou simulacre ?
Quand «
Anbdu (la récolte) est bon, la saison estivale s'y pare de toutes les couleurs ancestrales et devient le temps d'un théâtre féerique par excellence. Un théâtre où toute péripétie de rituel est une «invitation au voyage» à un monde «merveilleux» qui laisse rebondir les véritables valeurs amazighes de solidarité, de bon voisinage, d'hospitalité et d'amour...
Une fête de mariage, en l'occurrence, y prend l'ampleur d'un festival. Avec un «synopis» quasi banal hérité de l'antiquité, les «noceurs» imaginent des scénarios qui raniment ce «trou de verdure» où l'année durant, presque rien ne s'était passé.
Prologue
A quelques jours de la date promise, la mobilisation est totale : On ne rate aucun souk hebdomadaire pour choisir les ingrédients du festin, les instruments de musique, et autres besoins de toilettes comme autant de robes, costumes et parures...
Acte 1 : Premier jour festif Juste avant midi, le cortège est fin prêt. C'est la caravane de «
tazoudha »ne femme âgée, élue par les parents du fiancé, prend la tête du cortège, un plateau de bronze à la main rempli de henné cru garni d'œufs durs ; derrière elle un cheval ou un mulet nu ; la suite du cortège est composé de montures chargées de corbeilles pleines, de boucs ou chevreaux et d'une petite foule de jeunes femmes, les bendirs aux mains, chantant tout ce qu'elles avaient répété pour l'occasion à la manière d'
a7iddus.
A son arrivée, la caravane est accueillie par les invités de la fiancée avec du lait, des dattes, du miel et du beurre avant que les deux groupes ne se mélangent pour chanter et danser... La femme âgée présente le plateau de bronze à la fiancée, lui étale le contenu de la valise ou coffret contenant une partie de la dot en robes et parures, préside la cérémonie du henné et ordonne à la fiancée de se préparer pour quitter le foyer parental sur le cheval (ou mulet) élu (actuellement, c'est la voiture !). Une fois le cortège accueilli par le fiancé chez-lui, commencent la première veillée et le rituel «
alaakissa ».Pendant que les invités s'abandonnent aux différents spectacles, un petit groupe de jeunes célibataires se retire dans un petit coin servant de coulisses pour préparer des «manœuvres» : Ils s'agit de jeux de rôles inventés pour l'occasion incitant à chaque fois, et pendant une grande partie de la nuit, le fiancé à trouver une excuse pour persuader la alaakissa de l'autoriser à pénétrer chez sa fiancée.. Tous les essais se vouent à l'échec puisque la consigne du rituel est ferme : la fiancée doit passer la première nuit toute seule...
Acte 2 : Deuxième jour festif Dès le début de l'après-midi, les parents du fiancé s'apprêtent à accueillir les «
tiwsi» provenant de toutes les directions:
Chaque groupe d'invités arrive avec une offrande (tiwsi) composée d'ovins, de sucre, de thé, de menthe, de farine et autres. La cérémonie d'accueil prend l'allure d'un «bal dansant» où la musique, le chant et la danse ne connaissent aucun répit..
La veillée, elle, est partagé en trois grands moments. La premier dure jusqu'aux environs de minuit.
Il est réservé aux différents spectacles présentés par divers groupes folkloriques professionnels ou amateurs crées pour l'occasion. Après le grand festin, nécessairement copieux, se constitue l' «escorte» du «Sultan». Celui-ci s'habille cérémoniellement (Djellaba, Quendrissi,Burnous, babouches...), prend la tête d'un groupe de jeunes, guidé par son Vizir et fait le tour de la maison avant de pénétrer pour de bon, cette fois, dans la chambre de sa «princesse». Dehors, le groupe de jeunes continue à répéter en chorale des comptines psalmodiant la fin du célibat avant de se retirer pour préparer de mauvais tours au «Sultan». A chaque fois un « émissaire » du groupe trouve une excuse pour frapper à la porte ou à la fenêtre de la chambre nuptiale pour signifier au «Sultan» qu'il avait pris trop de temps, que cela risquait de remettre sa virilité en cause. La scène se répète impitoyablement jusqu'à ce que le «sultan» entre-ouvre la porte et jette au groupe guetteur un bout de tissu blanc tout maculé de sang : Ouf ! honneur et virilité confirmés !!!
Actes 3,4,5,6 (jusqu'au sixième jour) A partir du troisième jour, le jeune couple doit convoler en justes noces loin du toit familial. Il est invité quatre jours de suite, à tour de rôle, par quatre familles différentes. Elles lui offrent gît et couverts et garantissent, à leurs frais, la continuité des festivités : festins, groupes folkloriques, convives, cadeaux, etc..
Acte 7 : Septième jour ou «tighilat » Les deux jeunes mariés rentrent chez eux, offrent une réception à leurs proches et amis intimes et racontent tout ce qui a marqué les six jours de festivités nuptiales.
Dès le huitième jour, la vie du nouveau couple commence :
C'est déjà le prélude d'un nouveau chapitre d'u «roman fleuve».
Source : Bouziane Moussaoui ----------------------------------------------------------------------------------------------
LES RITUELS QUI PERSISTENT DE NOS JOURS… « Le hénné est un moment fort en émotion, 2 demoiselles d'honneurs sont là pour l'accompagner durant toute la durée des cérémonies, le jour du départ, c'est la mariée qui va chez le mari( il ne va pas la chercher), ensuite ce qui m'a marqué c'es la tenue , elle était habillé avec différente robes, et portait sur la tête des branches qui aidaient à maintenir rgoubath de couleur rouge et le seule artifice était le khol!!». (Karimaf) « Dans mon environnement, seuls les rituels du Hénné et plus rarement ghrama sont préservés. Sur siniath on dépose le3Daliyet : ce sont des petits paquets que la famille du moulay offre à la mariée lorsqu'il va la chercher. Ils contiennent des épices, autres présents et amulettes enveloppés dans du papier que la mariée doit impérativement ouvrir pour conjurer les mauvais sorts, protéger son couple, et rendre l'union féconde. » (Clandestina34) « Siniath est un plateau que l'on fait circuler lors du mariage pour récolter de l'argent. Cet argent étant destiné au marié et/ou à son père pour l'aider dans les dépenses du mariage ou plutôt post mariage. C'est imediazzen qui fait circuler siniath et annonçant avec lbouk (haut parleur) la somme ou ce qui a été donné par tel ou tel. » (Nalia-Z) « lghramet .On dispose un plateau effectivement sur une table basse on met en son milieu un pain de sucre et par dessus celui-ci un bracelet. Les invités du mariage forment un cercle autour de cette table. Un abarrah (ça peut être un amediaz ou quelqu’un du village qui fait ça pour gagner sa vie) appelle les invités à haute voix et annonce l'ouverture de cette cérémonie. Les membres de la famille sont les premiers à se manifester et offre une somme d'argent (d'abord et des présents éventuellement). le "abarrah" l'annonce haut et fort pour que tout le monde l'entende. Les femmes du clan se mettent à pousser des tirewriwine . chaque personne ou membre d'un clan bénéficie de tirewriwine particulières. Plus y en a plus la personne a du succès. et tous les invités sont sensés offrir quelque chose le dernier jour du mariage. La somme récoltée sert à couvrir les frais du mariage. Mais elle est d'abord destinée aux jeunes mariés.» (qio3) « Il y a un truc dont je me rappelle qui consiste a ce que le marié casse [b] tha3Ddihth[b] une casserole en argile et lorsque le marie n'arrive pas à la casser d'un seul coup de pied, se sauve et les autres jeunes (ses amis en général) courent derrière lui en le battant. » (Loupgris) « Il y a le rituel du henné ou un jeune enfant met du henné au marié et on doit lui donner des pièces qu’il crache ensuite dans le henné » ( Kamel2bokidane) -------------------------------------------------------
BibliographieJamous R. (1981). Honneur et baraka : les structures sociales traditionnelles dans le Rif ; Maison des Sc. De l’homme : Paris /Cambridge University Press : Cambridge. 305 p.
Source:Arifino.com