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  • : Ce blog est un relais amazigh, berbère, il met à disposition des internautes les nouveautés des autres sites amazighs (berbères) tout en respectant la propriété intellectuelle.
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Simane et Anaya.

  

13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00


La région d'Agadir est connue pour ses bijoux berbères. Les artisans de Taroudant, Tiznit ou Immouzer, produisent des pièces d'une grande pureté de lignes.


  Les plus belles pièces sont en argent, d'autres sont en bronze. Les dessins sont géométriques et les motifs parfois floraux. La verroterie et la cire de couleur y remplacent souvent la gemme et l'émail.

Taroudant

Située à l'intersection de la vallée du Souss et des montagnes du Haut-Atlas, Taroudant, la "petite Marrakech", donne un excellent aperçu du Sud marocain. Première capitale des Saadiens au 16ème siècle, refuge des princes rebelles, convoitée par les tribus du Sud, Taroudant tient une place importante dans l'histoire du Maroc. Réputée pour son artisanat et ses bijoux berbères, elle attire de nombreux touristes venus d'Agadir.

Dans une des ruelles de la médina, des bijoutiers travaillent le cuivre et l'argent. Autour de leur forge, ils s'activent, maniant l'enclume et des creusets de tailles différentes. La technique de la nielle se pratique avec une rare précision sur des plaques laminées très fines présentant des cabochons en pâte de verre rouge lie-de-vin (à l'origine grenat).

C'est la technique du moulage qui a leur préférence : moules en seiche pour les bagues, en terre pour les petites sculptures coulées à la cire perdue. Pour les gros bracelets inspirés des bijoux anciens, les artisans utilisent deux anneaux de fer, identiques qui se posent l'un sur l'autre. A l'intérieur de ces anneaux, on réalise deux moules en terre superposés en ménageant un trou pour y couler l'argent en fusion. La forme de ces anneaux est ronde lorsqu'il s'agit de bracelets coulés d'une seule pièce, elle est plus allongée lorsqu'il s'agit de colliers aux "éléments soudés".

Ces petits tubes soudés les uns aux autres dans des cadres d'argent massif donnent un aspect "nid d'abeille" aux bijoux. Le décor est remplacé par des rosaces centrales émaillées turquoise et jaune.

Les bracelets de cheville sont sculptés à la main ou coulés à la cire perdue. On les "fignole" à la main. Ces bijoux sont peu portés. La khamsa ou main bénéfique (pouce plaqué contre les autres doigts) est également un bijou moulé. Les bijoutiers ouvragent aussi les crosses, les bagues de cuivre ou d'argent; les canons des vieux fusils de fantasias.

Tiznit
Les fibules Chtouka se remarquent par leur rare élégance. Coulées en sable et regravées, elles présentent un motif similaire aux croix des coptes d'Egypte.

Immouzer
Nichées au pied du Haut-Atlas à 1 250 m d'altitude, les petites maisons blanches d'Immouzer dominent une belle palmeraie. La ville est la "capitale" d'une confédération de tribus berbères, les Ida Outanane, qui jusqu'en 1927 vécurent en marge du pouvoir central. La technique remarquable des Ida Outanane et des Ida Oultit est très particulière. Les artisans de ces tribus mélangent les émaux cerclés vert et jaune, la nielle et la gravure. La technique de l'émail s'est perdue. L'usage (plus simple) des cires colorées s'est imposée. En effet, l'émail fond à une température minimale de 820°C alors que l'argent fond à 700°C. Les fibules de cette région, de forme triangulaire isocèle, peuvent atteindre jusqu'à trente centimètres de côté.

Source: http://www.capmaroc.com/ville_agadir.asp

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13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00
BIJOUX MAROCAINS

Le bijou complément indispensable du costume, joue un rôle essentiel dans la vie sociale féminine. Les bijoux citadins, en or ou en argent doré, finement ciselés, ajourés, filigranés, rehaussés de pierres ou de perles, rappellent les bijoux de l'Andalousie médiévale. Les bijoux ruraux, en argent, aux motifs plus austères mais de formes très variées, témoignent des influences espagnoles et africaines qui se sont mêlées sur le sol berbère.
La fabrication restant le plus souvent traditionnelle, c'est près d'une simple forge dans laquelle les braises sont rougies par un petit soufflet, que les bijoux sont travaillés avec art sur une minuscule enclume.
Le Filigrane
Fils de métal torsadés, aplatis et enroulés en de fins motifs ajourés; employé par les bijoutiers d'Essaouira et de Tiznit.
La Nielle
Incrustation d'émail noir; fréquente dans les pièces anciennes, se perpétue sur le versant Sud de l'Anti-Atlas.
Le Cloisonné
Motifs en émail ou en pâte de verre de couleur, sertis de minces parois de métal; cette technique importée d'Andalousie s'est conservée dans le Souss.

Les bijoux citadins : Bijoux féminins
Ils sont généralement en or finement ciselé de motifs, floraux pour la plupart, très légèrement creusés; rehaussée de pierres précieuses souvent en cabochon (émeraudes, diamants, grenats, rubis très clairs dits de "Fès"), ils peuvent atteindre une grande magnificence.
Bijoux masculins
Les hommes préfèrent un métal plus simple que l'or, comme l'argent, conformément aux préceptes coraniques.

Les bijoux berbères, A la campagne, dans le Sud surtout, le goût pour la parure est très vif, et les bijoux berbères ont eux aussi leur somptuosité. Les plus beaux sont en argent, d'autres sont en bronze; mais, si humble soit le métal, et malgré la profusion des breloques, ils gardent toujours une grande noblesse. Ils sont d'une exceptionnelle pureté de lignes, avec leurs dessins géométriques et parfois quelques motifs floraux. La verroterie et la cire de couleur y remplacent souvent les gemmes et l'émail.
Lieux de production
L'art du bijou d'argent s'est concentré dans le Souss : Tiznit, Inezgane,Taroudannt sont connues pour leur souk des bijoutiers où sont vendues de belles pièces anciennes. On trouve à Guelmim des bijoux sahariens.


Argent, il est travaillé principalement dans les villages des plateaux et montagnes. C'est un métal précieux
qui a une grande valeur dans le milieu rural, alors que l'or est beaucoup plus apprécié dans les villes. L'argent seul ou combiné avec des boules d'ambre font de très belles pièces ; fibules, colliers, diadème, bracelets et autres.
A la campagne, dans le Sud surtout, le goût pour la parure est très vif, et les bijoux berbères ont eux aussi leur somptuosité. Les plus beaux sont en argent, d'autres sont en bronze; mais, si humble soit le métal, et malgré la profusion des breloques, ils gardent toujours une grande noblesse. Ils sont d'une exceptionnelle pureté de lignes, avec leurs dessins géométriques et parfois quelques motifs floraux. La verroterie et la cire de couleur y remplacent souvent les gemmes et l'émail.
Les régions montagneuses du Sud, L'Anti Atlas et le Jbel Bani sont les principales fournisseurs de bijouterie Berbère. Les bijoux en argent portés par les nomades se trouvent plus fréquemment dans les souks de Guelmim, Tiznit, Rissani et Tan tan.

Or: L'or massif ou incrusté de pierres : émeraude, turquoise, perle, et travaillé avec beaucoup plus de finesse et fait de lui un bijou très fragile :boucles d'oreille, collier, pendentif, diadème et bracelet. L'or est travaillé à Essaouira, Fès et Tanger.

Les parures de fêtes, Fibules.
Portées par paires et reliées par une chaîne à laquelle sont suspendues des breloques à valeur protectrice, les fibules servent à fixer le vêtement au niveau des épaules.
Serdal.
Porté surtout dans le Moyen Atlas, le serdal est un frontal fait de pièces de monnaie et de bâtons de corail, cousus sur un bandeau de laine ou de soie.
Bijoux "de poitrine".
Plaques d'or enchâssées de pierres, ou larges colliers en dégradés formés de rosaces assemblées par des boules en or.
Le lebba
Collier très ancien fait de longs pendants couvrant la poitrine, et le taj diadème composé de plaques décorées s'articulant sur des chaînettes ou des charnières, ou bien posées sur un bandeau enrichi de perles, parent l'épouse dans les grands mariages.

 Source: http://www.matchtours.com/maroc/fr/histoire/bijoux.htm

 
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13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00
Bert Flint : passionné de bijoux berbères


Très peu de personnes au Maroc le connaissent. Et pourtant, Bert Flint, a mené une grande recherche ethnographique sur l’art rural au Maroc. Il a même été l’une des rares personnes à mener une recherche approfondie sur cet art qui est très diversifié. Venu au Maroc dans les années 40, il a débuté comme enseignant de langues espagnole et anglaise au Lycée Mohammed V à Marrakech. Qui aurait dit à l’époque que Flint allait devenir l’un des plus grands collectionneurs de l’art traditionnel et rural. Ses ambitions étaient plus grandes.
Au cours de ses multiples voyages au Maroc pour découvrir le pays, Bert Flint fut comme pris par un coup de foudre. Il était impressionné par toute la beauté que recèle le patrimoine rural comme bijoux, poterie et aussi tissages. Au fur et à mesure qu’il trouvait un objet, Bert Flint l’achetait et en devenait l’acquéreur. Mais Flint ne se contentait pas uniquement d’acheter l’objet, il était soucieux également de comprendre tous les motifs et les signes qui l’entouraient. C’est à ce moment même que Bert Flint se transformait en véritable chercheur même s’il n’était guère scientifique. Il se mit à enquêter et à questionner tous les habitants des villages qu’il visitait. Des explications par ci, d’autres par là, Bert Flint a rassemblé toutes sortes de termes et de significations. Il en concoctait une sorte d’analyse freudienne et s’inspirait également des recherches du philosophe et psychanalyste Carl Yung. Mais Bert Flint avait besoin à l’époque de demander l’avis de certains artistes marocains. Nous sommes dans les années 1960-1970. Le monde était petit à l’époque et Bert Flint fit la connaissance des artistes-peintres du groupe de Casablanca ainsi que des intellectuels du cercle de Souffles. Mohamed Melehi, parle de cette époque comme étant une période très prospère et durant laquelle les littéraires et les artistes –peintres formaient un bloc en parfaite cohésion. Bert Flint fréquentait ce groupe. Il était comme interessé par les discussions et les débats qui circulaient à l’époque.
Bert Flint s’est imprégné des discussions avec les artistes de ce cercle et allait jusqu’à demander leur avis concernant telle ou telle explication. Par moment ces analyses et ses recherches pouvaient êtres arbitraires. Alors pour ne pas tomber justement dans ce piège de l’arbitraire et du faux jugement, il trouvait nécessaire de demander l’avis des artistes marocains. C’est ainsi qu’il deviendra très ami au groupe de Casablanca et dans les années 60, il dispensera des cours d’Histoire de l’art à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca. Farid Belkahia était à l’époque à la tête de cette institution, Mohamed Melehi enseignait des cours de peinture et Mohamed Chabâa des cours de décoration.
«Flint a pendant un an et demi donné des cours d’initiation à l’histoire de l’art qui étaient complémentaires à mon cours de peinture et de décoration», déclare l’artiste-peintre Mohamed Melehi.
A cette époque, même la scène artistique et culturelle était en pleine ébullition. Les artistes et intellectuels fusionnaient d’idées et souhaiter les partager à travers des revues comme Souffles et Maghrebarts. Bert Flint contribuait également de son côté à nourrir et à alimenter cette revue qui traitait surtout des thèmes comme l’art traditionnel marocain et l’art rural. Les textes qu’il écrivait étaient pour lui une manière d’exorciser sa passion et de contribuer à la recherche de manière concrète. Toutefois, Bert Flint n’en oublia pas pour autant sa fervente passion pour la collection des objets. Il continua en parallèle à ses cours de voyager. Il traversera tout le Maroc, investira tous les villages de l’Atlas. « Flint usait de tous les moyens possibles et imaginables pour aller à la recherche de nouvelles acquisitions, il était comme hypnotisé», souligne Mohamed Chabâa. Et d’ajouter : «parfois même, il se déplaçait à dos de mulet dans les endroits les plus reculés et les plus inaccessibles à la recherche de nouveaux bijoux».
Aujourd’hui encore, ce collectionneur, et ethnographe ne s’arrête pas. Il est animé d’une passion que personne ne saurait nier. « Il est comme obsédé, fanatique de ses recherches, il est sans arrêt à la recherche du neuf ». Cependant, pour pouvoir acheter tous les objets qu’il trouvait sur son chemin, Bert Flint devait se sacrifier. « Il économisait dans sa nourriture, tout ce qu’il y a de plus essentiel, pour ramasser des sous et assouvir sa soif pour les objets », nous déclare un de ses proches.
Bert Flint a collecté l’essentiel de ce que recèle le patrimoine artistique rural. En véritable passionné de bijoux berbères et de poterie rurale, Bert Flint a trouvé au Maroc un terrain propice pour assouvir sa soif et sa passion pour l’art rural. Bert Flint expose la plus grande partie de sa collection dans son Ryad à Marrakech. Une collection que les intéressés peuvent visiter chez lui.
Bert Flint se tourne aujourd’hui vers l’Afrique du Sud. « Aujourd’hui, il a commencé à saturer au niveau du Maroc, il a épuisé sa recherche au Maroc, donc il continue sa recherche sur d’autres terres ».
Ce colectionneur hollandais qui a voué sa vie entière à sa recherche, en sacrifiant semble avoir le mérite d’être le seul à avoir mené ce travail de longue haleine. Bert Flint n’a pas besoin de reconnaissance, mais le problème, c’est que selon ses proches les autorités marocaines ne lui ont jamais accordé l’intérêt qu’il fallait. Ceci tout en sachant que ces objets, multiples, divers, riches, beaux, peuvent meubler les musées d’archéologie marocains. Mais il semble que ces musées ont pour vocation d’être vides plutôt que de se voir remplis.

Qods Chabâa - Aujourd'hui le Maroc
Source: awalinoo.net
 
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13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00
Le Bijou amazigh
Khadija et Laïla Boulmedarat
Parimazigh n°1

Ce n'est pas par «folklorisation» que nous avons choisi de vous présenter le bijou amazigh, mais parce que depuis l'antiquité dans tout son art, il reflète l'histoire de notre grande civilisation. Nous le présentons dans cet exposé pour mieux le faire connaître à tous. En effet, a fabrication s'est toujours faite selon deux techniques. La première consiste en le moulage et le découpage du bijou ; elle est répandue dans toute l'Afrique du Nord. La deuxième, la bijouterie émaillée, introduit les pierres (ambre, corail, verroterie, etc.) ; on ne la trouve que dans trois régions : A Tiznit, en grande Kabylie et enfin à Moknine et à Djerba (Tunisie).

Fibule, Rif, Maroc L'orfèvrerie nord-africaine, s'étant d'abord développée dans le monde rural, a principalement utilisé l'argent. A l'origine un choix économique, l'argent est devenu la caractéristique du bijou amazigh. On définit généralement un bijou comme étant un «petit objet précieux» (Petit Robert), mais le bijou amazigh se distingue à tel point qu'il ne rentre pas dans cette définition. Il est effectivement souvent de grande taille et frôle parfois l'exagération. D'ailleurs certaines pièces sont d'autant plus appréciées qu'elles atteignent des dimensions considérables. Par exemple les fibules (Tizêrzâi) souvent «triangulaires, ont une tête démesurément élargie» et peuvent peser plus de un kilogramme. «Les broches circulaires de Kabylie (Tabzimt) ont [un très grand diamètre] et pèsent jusqu'à huit cents grammes» (Berbères aux marges de l'histoire, G. Camps).

Collier, vallée du Draa, Maroc, corail, ambre, perles de verre, coquillages Les pierres dans le bijou ne viennent pas seulement pour le rehausser, mais elles en constituent parfois la pièce principale, c'est notamment le cas des pierres d'ambre (Luban) dans les colliers. Les femmes amazighes se parent de la tête aux pieds. Elles portent presque toujours les bijoux par paires. Ainsi la démesure n'est pas seulement dans la dimension mais également dans la quantité. On le remarque chez la jeune mariée, dont le trousseau peut renfermer jusqu'à plusieurs coffre de bijoux. Boucles d'oreilles, Ida ou Nadif, Anti-Atlas central, Maroc, argent, nielle, émail, verroteries A la quantité s'ajoute la diversité. Il est vrai qu'il existe plusieurs sortes d'accessoires. Les boucles d'oreilles, que l'on retrouve dans toutes les civilisations, ont une grande importance chez les Imazighen. La femme les porte a différents niveaux de l'oreille, d'où les différents types : Douah, Boukanat, Tixrsin... Les bracelets se portent toujours par paires. Ce sont soit des simples anneaux d'argent (Abzg), soit des anneaux plus larges, incrustés de pierres et se fermant par une chaînette (Tanbailt). Chez les Touaregs, l'héritage de leurs ancêtres est plus marqué. Les bracelets sont ainsi en une pierre, la stéatite. Dans la région de l'Adrar Air, les hommes travaillent la pierre quasiment sur son lieu d'extraction. Quant aux colliers, ils sont d'une grande beauté  ; très chargés, ils recouvrent toute la poitrine. Au Maroc, ils se composent de grosses pierres d'ambre (Luban) qui leur donnent encore plus de force et de lourdeur. Ils peuvent également être constitués de clous de girofle ou de pâtes parfumées. Les fibules (déjà citées) et les chevalières (axellal) sont des bijoux typiquement amazighes. Le front est lui garni par tazra qui met en valeur les yeux comme le visage.

Bracelets de chevilles, Aït Jellidasen, Moyen-Atlas, Maroc Bracelet à chaînette, Anti-Atlas occidental, Maroc, argent, émail, verroteries Bracelet, Ida ou Semlal, Anti-Atlas occidental, Maroc, argent, émail, nielle, verroteries

Plus qu'un objet ornemental pour la femme, le bijou est son seul véritable patrimoine. Il peut également avoir un rôle sacré et prophylactique (qui protège des maladies  : luban, talismans, etc.) Il est communément décrit comme étant essentiellement en argent, mais il convient de préciser que dans le monde urbain, notamment sous le règne de Yuba II, les femmes portaient uniquement des bijoux en or. L'orfèvrerie amazighe est un art-artisanat, qui sculpte le métal lui donnant des formes presque magiques aux couleurs vives. Ainsi le bijou amazigh dans toute sa splendeur, sa diversité et sa force a su défier le temps.

Femme Aït Herbil, Anti-Atlas occidental, Maroc. Photo de Jean Besancenot, 1934/39. Institut du Monde arabe, Paris.


Bibliographie

  • Encyclopédie berbère, tome X
  • Berbères aux marges de l'histoire, G. Camps
  • Images tirées de Splendeurs du Maroc, paru à l'occasion de l'exposition qui s'est tenu sous le même titre au Musée royal de l'Afrique centrale (Tervuren, Belgique) du 30 octobre 1998 au 31 mai 1999.
Source: mondeberbere.com
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13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00



Coucher de soleil à Oaurzazate.


La province de Ouarzazate mérite davantage qu'un simple détour . Elle détient à elle seule de grandes potentialités touristiques. qu'il s'agisse de ses palmeraies, de ses célèbres, de l'accueil de ses habitants, de la diversité de son folklore, ou encore de l'authenticité architecturale de ses casbahs. Malheureusement , on manifeste encore un désintérêt vis à vis de cette province par rapport aux autres villes comme Marrakech, Fès, Agadir. Souvent les touristes pressés en visite dans le sud Marocain transitent par Ouarzazate en direction de Tafilalt et des fameuses dunes de Merzouga.
Ces derniers ignorent ce qu'ils ont raté : des beautés que recèle cette région à elle seule. Alors , Revenez et Redécouvrez la province de Ouarzazate dans tout son éclat!

D'ailleurs, l'infrastructure hôtelière s'y prête volontiers. Quant à ceux qui ont l'esprit "routard" , les auberges pullulent car Ouarzazate c'est d'abord l'accueil qui vous attend à bras ouvert. Cependant Ouarzazate ne serait pas Ouarzazate sans ses studios de cinéma, ses célèbres Gorges dont le parcourt est saisissant, ses palmeraies panoramique captivantes et ses casbahs féeriques ne l'a-t-on pas surnommée "La Région des Milles et une casbahs"


 Situation géographique

  La province de Ouarzazate est située au Sud-est du Maroc , la superficie est de 19464 m², appartenant à une région pré-saharienne, elle délimitée par:
- Au Nord par la province du Haouz et d'Azilal.
- A l'Est par la province d' ERRACHIDIA .
- A l'Ouest par la province de Tata.
- Au Sud par la Province de Zagora.
les reliefs prédominants dans cette région se composent de 4 unités morphologique principales.
 

 Climat

 Le Climat de la province d'Ouarzazate est semi-desertique à forte influence continentale.
Les précipitations moyennes annuelles sont très faibles 150 mm, Les températures sont très variables du Nord au Sud de la Zone : en Hiver entre 0,5 °C et 20 °C,
Celle de l'été entre 30°C et 40°C.
Quand aux vents dominants sont généralement de Nord-ouest : Le Sirocco ou le Chergui
.

 Ressource en EAU

 Les principales zones de ces eaux souterraines sont le bassin d'Ouarzazate, l'Anti-Atlas et le flanc nord du Jbel Saghro.   

  a) Le bassin de Ouarzazate
 
C
onstitué surtout par les sous écoulements des Oueds formant des nappes localisées d'épaisseurs faibles.

  b) L'anti-Atlas et le Flanc Nord du Jbel Saghro
  L
es ressources en eaux souterraines sont faibles et se trouvent essentiellement dans les zones facturés et altérées et dans les zones alluviales.

 Données démographiques

© Mallal

 La population de la province de Ouarzazate est composé de deux ethnies notamment les berbères et les arabes.
La population de Ouarzazate comporte 439072 habitants répartis en 61517 ménages sur une superficie de 19464 m² .
Ruraux dans leur majorité ( 75 % de la population totale). les habitants sont employés à concurrence de 61% de la population active , dans le secteur agricole.

 Quelques chiffres

->27 hôtels classés d'une capacité de 2263 chambres et 4529 lits.
-> 46 hôtels non classés totalisant 767 chambres et 1520 lits.
-> 08 campings.
-> 30 gîtes d'étapes et 3 refuges.
-> 21 restaurants.

-> 50 guides touristiques (dont 33 accompagnateurs).
-> 09 agences de voyages.
-> 30 agences de transport touristique.
-> 27 agences de location de voitures.

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13 septembre 2005 2 13 /09 /septembre /2005 00:00
L'ARTISANAT MAROCAIN

Les produits de l'artisanat marocain sont l'une des caractéristiques fondamentales de la vie quotidienne marocaine. Plus de quarante corporations ont travaillé le bois, le métal, le cuivre, la laine, la pierre et l'argile durant plusieurs siècles. Adapté à la vie moderne, notre production artisanale côtoie les traditions, offrant ainsi une large variété de produits allant de l'art en filigrane jusqu'aux plus simples ustensiles.

PotteriesLA MAROQUINERIE, Le Maroc possède un nombre incalculable de type de maroquinerie, dont la plupart
émanant des plus anciennes traditions. A Fès et Marrakech, des quartiers entiers sont réservés aux tanneurs :
Bagagerie, sous main avec accessoires, babouches, poufs, pots en argile recouverte de cuir, ceinture, selles.

LE METAL: La ménagère maghrébine utilise en grande majorité les produits locaux en cuivre. Le métal est également utilisé, bougeoirs, appliques, moucharabiehs, cadre pour miroir sont les articles que l'on retrouve à Fès, Marrakech et Safi.

LE BOIS: Les ébénistes et artisans marocains travaillent surtout le bois de cèdre. Essaouira, spécialisée dans la marqueterie ; petites boîtes, coffre, tables sur pieds, damiers, échiquiers sont faits en bois de thuya décorés de bois d'ébène et de citronnier. Fès et Tétouan sont spécialisées dans la peinture sur bois appelée Zouak. Fès et Meknes sont renommées par leurs moucharabiehs, travail d'une grande finesse où les petits éléments de bois tournés sont assemblés formant ainsi des compositions géométriques très sophistiquées.

LE TAPIS: Parmi toutes les activités artisanales du Maroc, la plus ancienne tradition est certainement le tissage. Il existe deux catégories de tapis :
- Le tapis rural, plus communément appelé tapis berbère.
- Le tapis moderne ou citadin.
Le tapis berbère ; Moyen Atlas (Azrou), La région d'Oulmes, Chichaoua et Ait Ouaourguite (Ouarzazate).
Le Tapis urbain ; Rabat, Meknes, Fes et Marrakech.

CERAMIQUES: L'argile de très bonne qualité sera travaillé jusqu'à la disparition des impuretés pour former des vases, jarres, pots, plats et plateaux. Ces poteries sont généralement embellies par des teintes typiques de la région et des décorations florales ou géométriques. Les villes les plus réputées sont : Fès, Safi et Salé.

BRODERIE: Les broderies bleu foncé de Fès sont les plus courantes, celles de Rabat, Salé, Meknes, Azemmour et Tétouan sont aussi très répandues. Ces travaux sont exécutés avec beaucoup d'adresse utilisant pour la plupart les fils de soie de différentes couleurs. On les retrouve dans nappes, napperons, kaftans, tenue de soirée marocaine.

PIERRES SEMI-PRECIEUSES: La pierre de Taroudant, utilisé pour la fabrication de boites ciselées avec des motifs géométriques. Les pierres à l'état brut : améthyste, quartz, manganèse sont souvent disposés le long de la route dans le Haut Atlas.

VANNERIE: Paniers, vans, plateaux, boîtes, ces articles sont fait à la main dans presque tous les villages. Tant Dans le rif où les femmes arborent d'immenses chapeaux que dans les villes comme Fès, Marrakech où Salé.

Source: http://www.matchtours.com/maroc/fr/histoire/artisanat.htm

 

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12 septembre 2005 1 12 /09 /septembre /2005 00:00

 

HISTOIRE DU MAROC

 

 Le Maroc au 3ème Millénaire

La préhistoire

L'homme est déjà présent, vers 800 000 av.J-C, sur le rivage Atlantique, comme le témoignent les outils retrouvés à Casablanca, les plus ancestraux, d'ailleurs, d'Afrique du Nord. Vers 5000 ans av.J-C, de nouvelles populations du Proche-Orient cohabitent et se mêlent aux descendants des premiers habitants du Maroc. Ces nouveaux venus sont les ascendants de la famille des Berbères, élargie par des apports méditerranéens.

 Le Pastoralisme

Vers 1600 av J-c., à l'âge du Bronze, des pasteurs Berbères gravent sur des rochers du Haut Atlas des dessins de poignards, de hallebardes, de haches et de boucliers, sujets utilisés autrefois par les mauritaniens pour les deux grandes activités du moment : la chasse et la pêche .

L'antiquité

Vers 800-600 av J-C., le Maroc entre dans l'histoire. L'écriture libyque, inventée par les Berbères, apparaît dans l'Atlas et des Phéniciennes sont marquées sur des poteries repérées sur l'île d'Essaouira vers 500 av J-C., les Ethiopiens, "ceux qui sont brûlés par le soleil", s'installent au Maroc. Au nord, casaniers, ils vivent dans des logis troglodytiques ; au sud, cavaliers nomades, ils s'adonnent à la chasse. Les Atlantes, quant à eux, occupent le centre de l'Atlas et donnent leur nom à l'océan Atlantique.

Au IV ème siècle av. J-C., naissance de la Maurétanie

Les Grecs nomment les "Mauriciens" les Libyens occidentaux, appellations que les habitants du Maroc et de l'Algérie occidentale actuels se donnent eux mêmes. Entre 25 av J-C. et 23 ap. J-C, Juba II, Roi de Maurétanie, est installé à la tête du Royaume par Auguste et réside à Volubilis . Il décrit le pays dans un livre utilisé plus tard par Pline . Il installe des fabriques de pourpre sur l'île de Mogador, au large d'Essaouira, et sillonne les îles Canaries par sa marine .

En 42 ap J-C., la conquête romaine

Les armées Romaines prennent possession de la Maurétanie Tingitane, mise en valeur par la création des routes, connaît un essor agricole et un commerce actif. Tingis, Lixus, Volubilis, Benassa se développent. L'influence romaine se conservera au sud, jusqu'en 429, date du passage des Vandales dans cette partie de la Mauritanie Tingitane . Il semblerait qu'à partir de 533, les flottes Byzantines puis Wisigothe aient occupé Ceuta et Essaouira ; il ne subsiste que de rares objets de leur passage.

 La conquête musulmane

L'islamisation : Dés 682, le chef Arabe Oqba Ibnou Nafi'i, fondateur de Kairouan, la première cité musulmane en Tunisie, entame un raid jusqu'aux côtes atlantiques. Berbères et Byzantins se soulèvent alors contre l'envahisseur, mais les Arabes musulmans parviennent à étendre leur domination, faisant ainsi progresser l'islamisation des populations.

La crise du califat: La domination musulmane se consolide malgré la formation de Royaumes aux doctrines religieuses insoumises, comme le Royaume kharidjite de Sigilmassa, dans le Tafilalet, ou celui de Berghouata, sur le littoral Atlantique. En 740, éclate une importante révolte contre les autorités de Damas, siège du Califat Omeyyade. Peu à peu, le Maroc échappe à leur pouvoir, et se morcelle en nombreux Royaumes et Principautés.

La Dynastie idrisside

En 788, aura naissance de la première dynastie musulmane, d'origine moyen-orientale. En 791, création de l'État Marocain. Idriss Ier, descendant d'Ali, gendre du prophète, fuira l'Arabie pour échapper au massacre de sa famille pour venir s'installer à Volubilis et fondera Fès qui, après sa mort en 792, sera désignée capitale du Royaume par son fils successeur Idriss II. Ce dernier s'occupera de la construction de la ville en 803. il mourut en 828. L'administration du Royaume sera confiée à ses fils, puis à ses frères. La vie économique sera prospère à Fès. En 857 et 859 la cité se prévaudra des prodigieuses mosquées Quaraouiyine  et des Andalous. Au début du XI ème siècle, les Idrissides sont indiqués Califes à Cordoue  jusqu'à ce que la division de l'Espagne cause leur décadence et leur disparition en 1055.

La dynastie  almoravide

Dynastie Berbère originaire du Sahara occidental, leur nom de l'arabe "Al Mourabitoun" signifie les moines guerriers, avait comme Sultan : Youssef Ibn Tachfine qui construira la ville de Marrakech (future capitale du Royaume) vers 1070, puis s'occupera ensuite de l'unification politique entre le Maroc et l'Espagne musulmane. A travers lui, la civilisation Andalouse se répandra au Maghreb, puis à la tête des troupes Almoravides, s'emparera de l'Espagne jusqu'a l'Èbre. Ali Ben Youssef, son fils, lui succédera en 1106 pour y régner pendant 37 ans.

La Dynastie almohade

Dynastie Berbère originaire du Haut-atlas, leur nom de l'arabe "Al Mouwahidoune"," les unitaires", sermonnant l'unicité de Dieu. Son fondateur ne sera autre qu'Ibn Toumart, prédicateur à Tin-mal (Haut-atlas).

Abdel-Moumen, son disciple, prendra Marrakech pour capitale d'où la construction de la Koutoubia, puis fondera l'Empire Almohade, et parviendra à unifier l'Afrique du Nord, mais décédera à Rabat en 1163 avant de pouvoir relier l'Andalousie à son Empire. Cette gloire reviendra à son successeur Yacoub El-Mansour, victorieux de la bataille à Alarcos en 1195, contre les Portugais et les Espagnols.

Après la disparition de ce dernier, les insuccès militaires suivront, ce qui incitera à la division de l'Empire, suivie de l'éjection du système religieux d'Ibn-Toumert.

La Dynastie mérinide

Dynastie Berbère (nomades Zénètes originaires du Bassin de la haute Moulouya). Cette Dynastie aura pour capitale Fès, procèdera à la création de Fès El-Jedid et la construction de plusieurs medersas dont la Medersa El-Attarine, la Medersa Abou Inane, ou encore la Medersa Mérinide à Salé. Celle-ci profitera de l'alanguissement de l'Empire Almohade pour s'accaparer des villes de Fès, de Rabat, de Salé et des plaines fertiles du Sais et du Gharb. Ultérieurement, le Sultan Mérinide Abou Youssef Yacoub s'emparera de la ville de Marrakech en 1269 pour ainsi évincer la Dynastie Almohade.

En tant que chef suprême de la dynastie mérinide, Abou El-Hassan tentera alors de reconstituer l'Empire vers 1331 d'où la conquête de Tlemcen en Algérie et Tunis en 1347, mais n'aurait pas parvenu à garder l'Espagne et Algéciras en 1340.

En 1348, la peste noire et les rébellions de Tlemcen et de Tunis  marqueront la décadence des Mérinides qui ne parviendront pas à refouler les Portugais et les Espagnols, leur permettant ainsi, par le biais aussi de leurs continuateurs les Wattassides de s'installer sur la côte. La résistance s'organisera autour des confréries et des marabouts dont sera dérivée la dynastie saadienne.

La Dynastie saadienne

Dynastie chérifienne (de "Chorfa descendants du prophète Mohamed) originaire de la vallée du Draa. Marrakech sera leur capitale. En 1578, viendra le tour d'Ahmed Al Mansour Eddahbi qui sera l'auteur de plusieurs bels exploits, dont la victoire laborieuse de "la Bataille des trois rois" à Oued El-Makhazine; "la conquête de Tombouctou" d'ou il ramènera or et esclaves; ensuite "la construction du palais El Badiî", le développement de l'industrie du sucre et des armes... Le règne d'Ahmed Al Mansour Eddahbi prendra fin en 1602

La Dynastie alaouite

  Dynastie issue des chorfa de Tafilalet descendants d'Ali qui agissent en souverains indépendants depuis le milieu du XV ème siècle, ils infligeront leur autorité dès 1666. Son fondateur et chef spirituel, Moulay Ali Chérif et ses successeurs (Mohamed Ben Ali Chérif proclamé premier Roi en 1640, et Moulay Rachid qui s'occupera de l'institution de la monnaie en 1664) entendront réunifier le Maroc, appliquant par là une stratégie économique et militaire des plus rigides.

  En 1672, viendra le tour de Moulay Ismaël d'exercer un pouvoir absolu tout en croissant l'œuvre accomplie par ses prédécesseurs. Le Sultan commencera tout d'abord par la construction de la ville de Méknès, ville qu'il désignera par la suite capitale du Royaume. Après avoir repris Larache et Tanger, Moulay Ismaël renversera les pouvoirs politiques et religieux locaux et fondera ainsi l'Empire Chérifien ; sa domination sera étendue jusqu'au Sénégal en se formant un réseau de forteresses à partir desquelles une armée de métiers opérera .Il se consacrera par la suite à mettre en place des relations diplomatiques fructueuses avec des pays étrangers, particulièrement au temps de Louis XIV et Jacques II d'Angleterre.

   Après la mort du glorieux défunt en 1727, Sidi Mohamed Ben Abdallâh (Mohamed III) lui succéda en 1757, musulman fervent, fier de sa qualité de chérif, il ne songeait qu'a apporter au pays le repos et la paix. Aussi fut -il accueilli comme un homme providentiel et sa proclamation prit le caractère d'un véritable plébiscite. Sitôt investi du pouvoir, il allégea les impôts,frappa une monnaie saine et reconstitua une nouvelle armée avec les débris des tributs Guich. Simultanément, il s'employa à fortifier les ports marocains et eut la chance de reprendre Mazagan aux portugais (1769). Il conclut la paix avec les Espagnols et un accord sur les prisonniers avec Louis XV (cet accord que Moulay Ismaïl n'avait pas pu obtenir de Louis XIV). Considérant que le Maroc avait besoin de renforcer ses relations avec l'extérieur pour compenser la perte du Triq-Sultan, il signa des traités de commerce avec le Danemark, la Suède, l'Angleterre et les Etats-Unis, qui venaient de proclamer leur indépendance et que Sidi Mohammed fut un des premiers à reconnaître. Il reçut à cette occasion une très belle lettre de George Washington, proposant d'instaurer une paix perpétuelle entre leurs deux pays. Mais le fait le plus saillant de son règne fut, sans conteste, la fondation de Mogador, dont il confia la construction à l'architecte français Gournot. Sans doute aurait-il fait bien davantage s'il n'avait pas été paralysé par la médiocrité de ses ressources. Lorsqu'il mourut en 1790, il laissait la Maroc en bien meilleure posture qu'il ne l'avait trouvé.

Devenu alors successeur de Moulay Yazid Ben Abdallâh qui n'aurait gouverné que pendant une durée de deux ans (1790-1792), Moulay Slimane restituera Oujda des mains des turcs, bâtira plusieurs mosquées et medersas et ne manquera pas aussi à l'aide des Algériens durant la guerre d'Isly. Suite au soutien de l'Empire Chérifien à l'Émir Abd el-Kader d'Algérie, le Maroc connaîtra alors une crise politique des plus ardues d'ou la provocation des interventions militaires de la France en 1844 et de l'Espagne en 1859-1860, les affrontements suivront jusqu'en 1873 par le Sultan Mohamed IV. Malgré les efforts imminents du Sultan Moulay Hassan Ier, successeur de Mohamed IV, il aura pour objet de consolider le pouvoir par le ralliement des tributs du Haut Atlas, et moderniser le pays tout en maintenant l'indépendance, des traités sont alors imposés par la Grande Bretagne, l'Espagne et la France. Le pays s'endettera auprès des banques étrangères. My Hassan Ier décédera en 1894, il sera remplacé par le Sultan My Abdelaziz qui, lui, régnera jusqu'en 1907, l'année même ou Moulay Hafid prendra le relais. A la suite de l'assassinat de quelques ressortissants  européens, les Français occuperont Casablanca, alors que la France et l'Espagne étaient déjà nommés mandataires de la nouvelle banque d'Etat du Maroc au cours de la conférence d'Algésiras en 1906.

L'Histoire contemporaine du Maroc

Le Protectorat

En 1909, l'Espagne débute la conquête militaire du croissant rifain, ensuite, deux ans après, le Sultan Moulay Hafid appellera l'armée française pour libérer Fès, cernée par des tributs factieuses. Suite à la pénétration française, le Sultan sera acculé à accepter un traité de protectorat singé le 30 mars 1912; une zone d'influence sera confiée à  l'Espagne. Le Sultan Moulay Hafid déloge et laisse le trône à son frère Moulay Youssef, un homme de culture qui commencera son parcours d'abord par construire plusieurs écoles et collèges dont celui qui porte son nom ( Moulay Youssef et Moulay Idriss ). La même année connaîtra la nomination du Général Lyautey au grade de résident général du Maroc, celui-ci ne tardera pas à désigner Rabat comme capitale et, avec l'urbaniste Léon Henri Prost, entreprendra de moderniser les villes du Royaume en 1921, Abdelkrim El Khattabi conduira la révolte du Rif, pour s'opposer à la domination européenne.

 Sa Majesté le Roi Mohammed V

Le Général Lyautey partira en 1925, et la France diminuera les prérogatives du pouvoir fondamental chérifien en procédant de plus en plus par la gestion directe. La résistance s'accommodera, à partir de jeunes élites urbaines ; la seconde guerre mondiale marquera une trêve entre l'opposition nationaliste et la France. Pendant la guerre, S.M le Roi Mohamed Ben Youssef (Mohamed V) devenu alors Sultan du Royaume Chérifien en 1927, entreprendra de protéger tous les Juifs Marocains face au régime de Vichy. En 1944, sera proclamé le manifeste de l'indépendance ; trois ans après, S.M le Roi Mohamed V se prononcera à Tanger (ville internationale) en sa faveur. Durant les cinq années qui suivent, les négociations se suivront mais sans aucun succès et, en 1952, la crise entre les autorités du protectorat et les nationalistes entraînera des mouvements insurrectionnels tandis que le Sultan sera déposé, puis envoyé en exil en 1953. Cependant, les revers en Indochine, la naissance de la guerre d'Algérie en 1954 inciteront le gouvernement Français à rechercher une solution politique. Le retour d'exil du Souverain se fera en Novembre 1955, ouvrira le chemin de l'indépendance, reconnue en 1956 par la France, puis par l'Espagne. Dés les premières années S.M le Roi Mohamed V tentera de doter le pays d'institutions démocratiques et rédigera une constitution peu de temps avant sa mort, en 1961.

 Sa Majesté le Roi Hassan II

Après la mort du Sultan Mohamed V, survenue le 26 février 1961, Moulay Hassan ( que Dieu l'ait en sa Sainte Miséricorde ) fut intronisé le 3 mars 1961,  sous l'appellation de Sa Majesté le Roi Hassan II. Au début de son règne, le Souverain pensera tout d'abord à consolider l'indépendance et unifier le pays, ensuite prendra l'initiative de faire expatrier toutes les troupes étrangères en 1962. Marqué par des difficultés politiques et économiques, le début de ce règne s'expliquera par un renforcement de la centralisation ; en 1963, s'opposeront, dans les démarcations sahariennes, les armées marocaine et algérienne. L'année 1965 verra la mise en place de la réforme agraire, ensuite le retour de la province de Sidi Ifni  à la mère patrie en 1969.

Sur le plan international, Feu Sa Majesté le Roi Hassan II envoya deux contingents militaires, l'un au Golan, en Syrie, l'autre au Sinaï, en Égypte pour participer à la défense de ces deux pays contre les agressions israéliennes. Cependant, la Marche Verte qui aura lieu en Novembre 1975, afin de réintégrer au Royaume ses provinces sahariennes, mobilisera et enrégimentera tout le peuple marocain derrière son Roi, ce qui permettra de franchir les frontières fictives.

Feu S.M le Roi Hassan II comptait parmi les grands chefs d'états dans le monde .Il présidait le Comité Al Qods à travers lequel il déployait de grands efforts pour sauver cette ville sainte de la judaïsation. Il a encouragé le secteur agricole, base principale de l'économie nationale, en édifiant des dizaines de barrages, comme il distribua des terres aux agriculteurs démunis. Pour développer les industries nationales il fit installer des usines et des manufactures, il relia les principales villes et villages par un important réseau routier ; il fit construire des ports et des aéroports. Il s'occupa de l'enseignement, de la santé et de l'habitat. Il fit édifier des hôpitaux, des dispensaires, des écoles, des instituts et des universités. Il abaissa les tarifs des loyers du tiers pour les locataires à faible revenu. Pour asseoir les bases de la démocratie, il mit en place des conseils communaux municipaux et ruraux et fit élire un parlement. Il faisait rectifier incessamment la carte administrative du Royaume, créant ainsi de nouvelles provinces dans le but de rapprocher l'administration des citoyens. Il donna également ses directives à prendre soin du monde rural. Il fit bâtir des mosquées dont la plus grande, la Mosquée Hassan II à Casablanca, un véritable joyau de l'architecture islamique. Il institua des conseils de Oulémas et créa l'Académie du Royaume du Maroc. Toutefois, à partir des années 1990, le régime évoluera vers d'avantage de démocratie, grâce aux changements du cercle national et international et de modifications dans la société. Que Dieu l'ait  en sa sainte Miséricorde pour tout ce qu'il a réalisé pour son peuple. Avec le décès de S.M. le Roi Hassan II  le 23 juillet 1999,ce sera un souverain né après l'indépendance qui dirigera désormais les destinées du Royaume, en l'occurrence, Sa Majesté le Roi Mohammed VI dont l'intronisation est célébrée le 30 juillet 1999.

 

Album photos Maradji

Faits marquants de l'Histoire du Maroc

Le 18 novembre 1927

*Intronisation de Sa Majesté Mohammed V à l'âge de 18 ans. Sous Son règne, le Maroc mènera la bataille décisive pour l'indépendance.

Le 9 juillet 1929
* Naissance de Sa Majesté le Roi Hassan II.

Le 11 janvier 1944

*Présentation du "Manifeste de l'Indépendance" demandant la reconnaissance de l'Indépendance du Maroc, son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale.

Le 9 avril 1947
* Visite historique de Sa Majesté Mohammed V à Tanger au cours de laquelle il a prononcé un discours historique qui a marqué la renaissance de la conscience nationale et de la résistance contre l'occupation étrangère.

Le 20 août 1953

* Exil de feu Sa Majesté Mohammed V et de la Famille Royale à Madagascar.
Déclenchement de "la Révolution du Roi et du Peuple".

Le 16 novembre 1955
* Retour d'exil de feu Sa Majesté Mohammed V et de Sa Famille.

Le 2 mars 1956

*Signature avec la France des accords reconnaissant l'indépendance du Maroc.

Le 7 avril 1956

*Signature avec l'Espagne des accords permettant au Maroc de récupérer sa partie Nord.

Le 22 avril 1956
*Le Maroc est admis comme membre de l'O.N.U.

1958

* Récupération de la province de Tarfaya, qui était sous domination espagnole, et abrogation du statut de "ville internationale" attribué à Tanger .

Le 26 février 1961

*Décès de Sa Majesté Mohammed V
.
Le 3 mars 1961

*Intronisation du Prince Héritier Moulay Hassan en tant que Roi du Maroc
.
Décembre 1962
*Adoption par référendum de la première Constitution faisant du Maroc une Monarchie constitutionnelle.

1969
*Libération de la ville de Sidi Ifni de l'occupation espagnole.

Le 6 novembre 1975

*Lancement de La Marche Verte : 350.000 volontaires marocains ont répondu à l'appel de Sa Majesté le Roi en franchissant la frontière artificielle qui sépare le Maroc de son Sahara.

Le 14 novembre 1975

* Signature de l'accord de Madrid portant sur la rétrocession du Sahara au Maroc.

Le 4 mars 1980
 
Visite de Sa Majesté le Roi à Dakhla dans la province de Oued Eddahab, (ex-Rio de Oro).
 
Le 10 mars 1985
 
Sa Majesté le Roi effectue une visite dans les provinces sahariennes (Laâyoune et le mur de défense au Sud de Boukrâa).
 
Le 23 janvier 1987
S.M. le Roi propose au Roi Juan Carlos 1er d'Espagne la constitution d'une cellule de réflexion sur la question des Présides (Sebta, Melilla, les Iles Bades, Nekkor et Moulouya).
 
Le 17 février 1989
 
Signature à Marrakech du traité constitutif de l'Union du Maghreb Arabe (U.M.A.).
 
Mai 1990
 
Sa Majesté le Roi annonce la création du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme.
 
Juillet 1990
 
Sa Majesté le Roi annonce la création du Conseil National de la Jeunesse et de l'Avenir.
 
Mai 1991
 
S.M. Hassan II effectue une visite dans les provinces du Sud (Guelmim - Tan-Tan - Smara et Assa-Zag).
 
Le 4 septembre 1992
 

Référendum sur la révision de la Constitution de 1972.
 

Le 16 octobre 1992
 
Elections communales.
 
Le 29 août 1993
 
Inauguration de la Mosquée Hassan II à Casablanca
 
Les 25 juin et 17 septembre 1993
 
Elections législatives.

Le 15 avril 1994

Tenue à Marrakech de la Conférence ministérielle du GATT.

Le 29 octobre 1994

Tenue à Casablanca de la Conférence Economique sur le Moyen Orient et l'Afrique du Nord.
Le 13 décembre 1994
 
Tenue à Casablanca de la septième Conférence Islamique au Sommet (O.C.I.)
 
Le 15 janvier 1995
 
Tenue à Ifrane de la 15ème session du Comité Al-Qods.
 
Le 27 mai 1995
 
S.M. le Roi reçoit le Président Yasser Arafat et le Ministre israélien des Affaires Etrangères Shimon Pérès pour la relance du dialogue palestino-israélien.
 
Le 15 septembre 1995
 
Organisation d'un référendum sur le projet d'amendement de l'article 49 de la constitution relatif au vote et à l'adoption de la loi de finances lors de la session parlementaire d'avril au lieu de celle d'octobre
 
Le 13 mars 1996
 
S.M. le Roi Hassan II participe au sommet des "bâtisseurs de la paix", à Sharm El-Cheikh en Egypte, à la tête d'une importante délégation en présence de plusieurs chefs d'état.
 
Le 11 avril 1996
 
Le Maroc signe au Caire le traite de dénucléarisation de l'Afrique qui interdit aux pays signataires la possession, le stockage, la circulation, l'utilisation ou l'expérimentation de toute sorte d'armes ou de produits nucléaires en Afrique.
 
Le 13 Septembre 1996
 
Adoption par référendum du nouveau texte de la constitution qui institue un régime bicameral ,doté d'une première chambre des représentants élue exclusivement au suffrage universel direct, et d'une seconde chambre de conseillers, élue au suffrage indirect.
Ce texte introduit également l'entité REGION en tant que nouvel édifice institutionnel, qui constitue un nouvel espace de débat et de concertation , une nouvelle base de représentation nationale à la chambre des conseillers, un nouvel espace de développement économique et social et un nouveau cadre de mobilisation des ressources.
RESULTATS DU REFERENDUM DU 13 SEPTEMBRE 1996

 
Le 28 février 1997
 
Signature d'une déclaration commune entre les pouvoirs publics et les partis politiques relative aux élections.
 
Le 27 mars 97
 
Tenue, à Rabat, sous la présidence de S.M. le Roi Hassan II, de la 16ème session ministérielle du comité Al-Qods.
 
Le 2 avril 1997
 
Promulgation de la loi sur la région et de lois adaptant les statuts de base des chambres d'agriculture, des chambres commerciales et d'industrie et de service, des chambres d'artisanat et des chambres maritimes.
 
Le 1er mai 1997
 
Promulgation de dahir instituant une commission électorale et des commissions provinciales de suivi des élections.
 
Le 13 juin 1997
 
Déroulement des élections communales au Maroc. 102 179 candidatures pour pourvoir les 24 253 sièges dans les 1 547 communes urbaines et rurales du pays.
 
15 juillet 1997
 
Election des assemblées provinciales et préfectorales.
 
Le 25 juillet 1997
 
Election des chambres professionnelles.
 
Le 24 octobre 1997
Election des conseillers régionaux.
 
Le 14 novembre 1997
 
Organisation des élections législatives pour l'élection de 325 députes à la chambre des représentants.(Résultats Définitifs des Elections Législatives )
 
Le 5 décembre 1997
 
Election au suffrage indirect des 270 membres de la chambre des conseillers.
4 février 1998
S.M. le Roi Hassan II reçoit M. Abderrahmane  Youssoufi, premier secrétaire de l'USFP que le souverain charge de former un nouveau gouvernement.
 
Le 14 mars 1998
S.M. le Roi Hassan II reçoit à la salle du trône les membres du Gouvernement de M. Abderrahmane Youssoufi, qui institue pour la première fois dans l'histoire du Royaume le principe de l'Alternance.
Le 23 juillet 1999
Décès de Feu Sa Majesté Le Roi Hassan II (1929-1999

Album photos Maradji

Le 23 Juillet 1999
  
       *Accession au Trône de SM le Roi Mohammed VI

Source: http://www.mincom.gov.ma/french/generalites/histoire/histoire.html
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11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00

La société berbere persiste et ne résiste pas

Les Berbères n'ont jamais formé un Etat, une civilisation propre à eux. Mais des multiples colonisateurs qui ont passé sur leur sol, des Carthaginois aux Français, en passant par les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabes et les Turcs, nul ne leur a transmis sa civilisation. Il semble à première vue que, puisqu'aprés vingt-cinq siècles de civilisation étrangere les Berbères sont restés eux-mêmes, ils aient des énergies considérables a opposer à l'étranger. Mais puisque d'autre part ces énergies n'ont jamais pu se fondre en un tout harmonieux, il faut croire que quelque principe de destruction, quelque vice interne empêche cette synthèse. Cette force de résistance et cette incapacité politique semblent pouvoir s'expliquer par une constitution sociale particulière qui a déterminé à la longue dans les esprits une psychologie politique assez primitive.


Elle n'est pas un fait naturel mais une création volontaire

Le caractère de tout groupement berbère est d'être quelque chose d'on ne peut moins raisonnable. Un parti sof n'a rien qui logiquement le légitime: il ne diffère du parti adverse que parce que les familIes qui Ie composent ne sont pas les mêmes; on ne choisit pas en Kabylie son parti, on y nait. Une fois incorporé, on n'a pas à charge de faire prévaloir tel idéal, ni même tels intérêts, ce qui pourrait encore se concevoir, mais de s'opposer à un autre parti, sans raison ni but, uniquement pour s'opposer. Dans un village de la tribu des Aït Yanni, un sof exile tout le sof adverse, un peu plus de la moitié du douar, pendant onze ans, sans cause, sauf que ses membres étaient en l'occasion les plus puissants et les plus riches. Un forgeron qui avait réussi à se mettre à dos à la fois les deux sofs de son village fait alliance à lui seul avec un bourg ennemi du sien, fait attaquer et brûler en une nuit son douar par ses alliés. C'est ainsi qu' Akalous a disparu à jamais dans les flammes. Partout ailleurs, le groupe est Ie moyen, on s'unit pour faire triompher par le nombre une cause. En Kabylie, le groupe est la fin.

Le groupe est la fin, mais il n'est pas non plus un fait naturel. Ce ne sont pas des conditions naturelles qui attirent en un lieu un afflux de populations d'origines diverses mais dont les conditions matérielles qui les ont réunies cimentent à la longue l'unité, c'est la création volontaire d'un groupement par juxtaposition de familles, c'est-à-dire d'unités sociales déja organisées. L'organisation se fait ainsi non par le sommet mais par la base. C'est ce qui donne son caractère rigide à l'organisation sociale des Bebères. Quand une autorité publique administre un pays par sa bureaucratie, elle essaie de calquer des cadres sur la réalité: les Bebères commencent par se créer arbitrairement des cadres, puis ils s'y introduisent. De là, cette éternelle poursuite d'un équilibre instable et sans cesse menacé.
(Et les Bebères ont en celà beaucoup à faire, l'excés étant bien leur caractéristique).
Cette poursuite est d'ailleurs, quant à ses effets pratiques, plutôt négative.


C'est une société instable

Les forces de destruction, dans une société oû chacun agit sans regles et ne borne ses méfaits qu'à sa puissance, sont nombreuses et fortes. L'action des gens d'ordre, de ceux qui pourraient créer, se borne à annuler ces forces de destruction, à écarter dès sa naissance un malheur qui pourrait mener à de grondes calamités. Voilà pourquoi les Berbères n'ont pas à proprement parler d'histoire progressive ou du moins à grands changements. Les tempéraments createurs ne peuvent que s'opposer aux destructions dans la marche quotidienne de la vie, jamais ils n'arrivent à rien édifier au sein d'une société stabilisée, parce qu'ils agissent à I'intérieur des cadres sociaux. Ces cadres demeurent toujours à l'état diffus chacun les sent clairement. Mais nul ne les pense objectivement ni ne les raisonne, parce qu'aucun pouvoir central ne les a jamais incarnés et ordonnés. Cela explique, en même temps que la stérilité de l'histoire berbère, l'étonnante pérennité du peuple: les Berbères s'agitent pendant des années frenétiquement à l'intérieur de leurs cadres sociaux, un jour ils s'arrêtent épuisés, mais les cadres demeurent intacts et c'est parce qu'on n'en sort jamais que toute action est vaine ou négative. Il n'y a pas d'histoire du négatif, de chronique des événements évités. L'histoire berbère est une espèce de bouillonDement en vase clos; au fond, le Berbère n'a jamais su sortir de lui-même. De toute éternité, la société kabyle n'a jamais connu de pouvoir fortement organisé pour imposer le devoir et le règne de la justice; les forces destructives que partout ailleurs une forte organisation sociale parvient à éliminer ou à neutraliser, y trouvent donc un champ libre à leur expansion. Le premier soin d'une telle société, qui sans cesse menace de se désagreger, est de chercher à survivre le plus longtemps possible. Il s'y manifeste une sorte d'instinct de conservation. La recherche d'un bonheur plus grand, voire d'un bonheur tout court, est l'apanage des sociétés bien assises et bien ordonnées: seul l'homme qui sait qu'il sera encore vivant demain fait des projets d'avenir, croit au progrés et l'accomplit. Les Kabyles en sont encore au stade de la lutte contre la mort, et chaque génération reprend cette lutte au point où l'avaient entreprise tour à tour les générations précédentes, au point ou la prendront celles qui lui succéderont. Cette nécessité vitale pour un peuple colore sa psychologie: la plus grande calamité dont puisse souffrir un Kabyle est de manquer d'enfants mâles pour perpétuer la tradition, et il est étrange que la femme kabyle se soumette aussi completement à cette unique fonction de productrice de mâles, - cela se lit à la fierté avec laquelle elle arbore à son front la ronde agrafe d'argent, décoration des mères de nombreux fils.

En dehors de cette espece de conservation instinctive de la vie, il s'est formé des institutions d'un caractere très particulier. Puisque nulle puissance matérielle ne peut garantir l'existence du paysan guerrier, il n'y a qu'à la rendre, en certaines occasions, sacrée. C'est ainsi que s'est formée la coutume de l'aânaya. Pour se rendre dans une autre tribu en pleine sécurité, il est nécessaire de se placer sous la protection, l'aânaya, d'un de ses membres. Quiconque oserait porter la main sur vous aurait directement affaire au protecteur dont il aura cassé l'aânaya, c'est-a-dire souillé l'honneur. En outre, le code de l'honneur fait à tout Kabyle bien né un devoir sacré de ne point vous toucher, lui eussiez-vous fait les plus grands torts qui se puissent imaginer. Plus encore, vous n'êtes pas seulement garanti par l'éventuelle action punitive de votre protecteur et par le code de l'honneur kabyle, mais par une esspèce de respect mêlé de crainte religieuse; vous êtes censé tabou.

Il est d'ailleurs un certain nombre de survivances, chez les femmes surtout, de cette manière de défense-tabou et le Kabyle emploie un mot spécial dont la forme grammaticale vient d'un ancien kabyle aujourd'hui presque incornpréhensible "urilaq" (mis pour "ur ilaq", il n'est pas permis, pas convenable), le nefas latin. Ces croyances viennent cenainement du fonds le plus antique et sont de notre temps en plein désaccord avec l'esprit des Kabyles, esprit réaliste et critique, voire raisonneur. Il n'y a pas dans les kanouns kabyles une seule défense ou prescription injustifiée de caractère plus ou moins religieux, tout au plus trouve-t-on des sanctions contre les infractions aux règles de morale élémentaire, dont la disparition risquerait de désorganiser le corps social. Ainsi, toutes les énergies berbères ne tendent qu'à fuir l'anéantissement. Elles y ont completement réussi. La terre kabyle, trop rocailleuse, ne nourrit pas qui la cultive, or les Kabyles sont essentiellement agriculteurs et peuplent cette terre à raison de trois cents au kilometre carré.


La famille

Les êtres avec qui un Berbère se sent socialement uni ne sont pas ceux avec lesquels il vit, mais ses consanguins. Il est bien plus près d'un trisaïeul mort depuis longtemps que de son voisin immédiat. A entendre parler des Kabyles, on a l'impression qu'ils croient que les morts ont laïssé à leurs families on ne sait quelle essence invisible mais toujours presente, une aide, un soutien dans l'adversité contre les familles ennemies, mais en revanche l'exigence que nulle tâche ne vienne souiller la pureté du nom. Quand un Kabyle voit menacé l'honneur de son nom, il parle du déplaïsir qu'en auraient ses ancêtres comme si ceux-ci vivaient encore ou que quelque chose de ce malheur s'en allait les torturer dans la tombe. Entre vivants et morts d'une même familie, il n'est donc pas de scission nette, les uns et les autres sont les unités d'un même tout, qui seul compte. A plus forte raison n'y a-t-il pas de distinction entre membres vivants d'une même familie. On ne conçoit pas en Kabylie qu'un être privé de sa familie puisse se suffire socialement. La seule personnalité sociale est la "gens". La responsabilité pénale dans les kanouns et les coutumes kabyles est non individuelle mais familiale: dans une "tamgert" (vendetta) on tue sans remords le fils d'un meurtrier, exactement comme si lui-même avait voulu et accompli le crime commis par son père. Voilà pourquoi, surtout avant l'occupation française, la pression des membres d'une famille les uns sur les autres était si forte. Peut-être qu'à l'origine, avant d'être chrétiens puis musulmans, les Berbères ont pratiqué le culte des ancêtres à la façon des anciens Grecs. Cela paraît dans la "fetra".

La tribu

Mais la familIe n'est point la véritable base de la société berbère. C'est en réalité la tribu, formule d'un autre Age, très ancienne, quasi protohistorique. Le rôle des cités est prépondérant dans le travail d'unification d'une nation. Or les Berbères ont eu la malchance d'en être encore, au moment ou commence leur histoire (établissement de Canhage), au stade du hameau campagnard de type triforme au milieu d'un monde méditerrdnéen en général citadin et dont certains éléments fort proches, tels que Rome, étaient en outre fort ambitieux. Au moment ou Rome arrive en Afrique, les Berbères sont sur le chemin de la cité: Cirta pouvait à la rigueur mériter ce nom. Rome fonde des villes, mais des villes romaines, faites pour les fonctionnaires, l'armée et de rares colons. Quand elle s'en va, les Berbères s'unissent aux Vandales pour détruire les villes et ils retournent à la vie de tribu. L'arrivée des Arares ne réussit qu'à entremêler, éparpiller plus encore les populations. L'invasion hilalienne refoule les Berbères des plaines et des villes vers la montagne. Le dernier atout est tombé: les ressources de l'Atlas ne permettent pas aux hommes de se rassembler en un même point, il est trop pauvre, le roc n'a jamais été chose fertile. Les Berbères chassés des plaines n'auront plus jamais de cités, nulle place, nulle agglomération humaine ne rassemblera, ne fondra les divers aspects de leur civilisation. A tous les envahisseurs ils ont opposé la tribu. Pour fonder un Etat, créer une civilisation, ils avaient la tribu. Mais la faiblesse capitale d'une tribu, c'est sa trop grande uniformité. A l'intérieur d'une même tribu, il n'y ajamais qu'une seule espèce de génie. une vertu d'une sorte très particuliere. Telle peut avoir une réelle valeur. Toute dynastie berbère ou arabe de la Berbérie musulmane est l'émanation d'une tribu qui partage son destin, triomphe avec elle, y est privilégiée, la défend, fournit à la fois ses troupes d'élite et sa seule armée véritablement nationale; la tribu meurt avec la dynastie, ou plut& celle-ci disparaît généralement par l'épuisement des énergies de la tribu mère. Les tribus du grand Atlas portent la fortune des Almohades depuis le Sahara marocain jusqu'à Valence, jusqu'à Tunis, mais les Almohades sont trop peu nombreux pour un empire si vaste, trop peu soupIes surtout dans leurs conceptions politiques et sociales, n'ayant guere que l'esprit du conquérant. La tribu peut à la rigueur suffire à fonder un empire. A l'organiser, à le pelpétuer, elle s'épuise. Seule la cité peut assumer ce rôle. Pourqooi!

I) La cité peut disposer de ressources variées, de greniers pour assurer sa défense ou nourrir ses conquêtes, de citoyens pour l'administrer, de commerçants pour veiller aux échanges, d'une banlieux agricole pour l'alimenter; cette variété donne à la cité la faculté de réagir, selon les circonstances, de façon différente, elle la sauve du figé, du stéréotypé qui sont toujours des causes de la désagrégation d'un Etat.

2) La cité peut s'assurer une survivance relative. Quand une classe s'épuise, une autre apporte une ardeur neuve, des vues plus proches de la realité, plus objectives, car souvent la tradition, les prejugés, et des scrupules de toutes sortes sont le lot d'une classe vieillie au gouvernement; ces realités secondaires prennent à la longue autant d'influence que la réalité objective elle-même sur les décisions de la classe dirigeante. Dès lors le gouvernement perd le contact du réel, il lui faut changer d'hommes, et une classe s'offre, pleine de jeune sêve. La campagne est en paniculier pour la cité une mine irepuisabIe d'énergies nouvelles. En outre, d'une classe dirigeante à celle qui la remplace, il n'y a pas dans la cité de rupture complete: les acteurs du second acte et des suivants ne partent pas de zéro, les efforts s'accumulent. C'est juste le contraire qui se passe dans une société de tribus. Les énergies de la cité convergent et s'additionnent parce qu'elles s'exercent sur le même territoire, relevent d'un même gouvernement, ont vie commune et sans cesse dépendent les unes des autres. Une société tribale, c'est une poussière de petites énergies qui n'ont généralement rien de commun. Un concours de circonstanr ou la valeur exceptionnelle de quelques-uns peut pousser telle tribu à s'imposer par la conquête aux autres. Un moment vient ou son activité l'a épuisée. Surgit une autre tribu qui, loin de continuer l'oeuvre de la precédente, la détruit, et n'a généralement le temps de rien bâtir avant qu'une troisieme lance à son tour ses enfants sur l'Afrique. Toute l'histoire berbère est une suite de destructions, de désastres, de dynasties météores qui passent aussi éblouissantrd par la rapidité de leurs conquêtes que par la facilité de leur chutte. Au milieu du XIe siècle, la tribu des Sanhadja au voile bleu trouvant que Dieu n'était pas assez glorifié par les Berbères, bien tièdes religieux, lance ses mehara du Soudan à Marrakech. Et les voilà partis sur les plaines marocaines: six ans de chevauchées étendent rempire almoravide du Soudan à Valence, mais trois quarts de siècle plus tard, les Almoravides sont épuisés. A cet instant les Maçmouda, ou tribu de l'Atlas se découvrent eux aussi une vocation singulière de cavaliers et de prosélytes; avec l'Apreté et l'étonnante intransigeance de l'esprit berbère, ils adorent frénétiquement Dieu l'unique, le prince des aadorateurs de l'Unité communique de nouveau à ses sujets musulmans la fièvre des chevauchées. Au milieu du XIIe siêcle et pendant vingt deux ans, les Berbères voient passer bride abattue d'étranges guerriers qui proclament que Dieu est un et détruisent les instruments de musique, moyens de corruption et d'effémination. Mais la route est longue de Rabat à Bouka et du Draa a Murcie, les chevaux s'essoufflent, les cavaliers aussi, l'aiguillon des plaines à franchir et du Dieu unique à exalter s'émoussent. Les Almohades s'étiolent; et les Mérinides déja voient passer dans leurs rêves d'étranges visions de terres à conquérir. Mais après tant d'autres ils passeront, passeront aussi leurs successeurs. A ces tribus qui déferlent les unes après les autres, il a toujours manqué un élément de stabilité. La tribu meurt d'essoufflement après un temps très court, la cité meurt de vieillesse.

Ni division du travail ni hiérarchie

La tribu est une juxtaposition de failles du même type qui sont consciemment entrées dans le groupe et par suite ont toutes les mêmes droits et les mêmes devoirs. Quand les "gentes" se liguent en tribus, elles sont déja organisées. Elles gardent leur structure et l'imposent au groupe, demeurant un Etat dans l'Etat. Les hameaux berbères présentent une uniformité remarquable mais c'est une uniformité dans la médiocrité, un amorphisme. Ils ne connaissent pas la spécialisation du travail, n'ont pas de corporations de métiers et n'en peuvent avoir, leur stade économique étant encore arriéré. Chacun s'improvise, suivant la circonstance, paysan, guerrier, orateur. Cette uniformité dans l'ordre économique se retrouve dans la politique et s'y traduit par un nivellement des situations sociales. Ce nivellement fut à l'origine imposé par le mode même de formation de la société berbère. Des hommes qui, de leur plein gré, s'unissent en société entendent y entrer avec les mêmes droits, les mêmes devoirs pour tous. Ce but atteint, les Berbères se sont acharnés à s'y maintenir éternellement. Vouloir toujours se confiner dans cette égalité dans la médiocrité a été unw des des causes pour quoi les Berbères n'ont jamais pu créer de grande civilisation nationale. Car ce qui crée une civilisation, ce n'est point tant la qualité ou la quantité d'hommes d'élite, que la qualité ou la quantité de ce qu'ils ont produit, pour ainsi dire leur rendement. Toute civilisation est une somme de créations. Or, il est des conditions naturelles à toute création humaine, sunout à la creatïon intellectuelle. Pour créer une civilisation, je crois qu'à l'origine tout au moins, une aristocratie, de quelque ordre qu'elle soit, est nécessaire. J'entends par aristocratie une classe de privilégiés sociaux dispensés de la lutte immédiate pour la vie, la lutte au jour le jour; des hommes ainsi débarrassés de ce qui fait le plus gros de l'activité humaine, pour re pas dire ce qui l'absorre tout entière, peuvent appliquer leurs soins à des fins plus ou moins désintéressées, moins terre à terre, risquant d'accéder à l'universalité plus grande, c'est-a-dire de pouvoir créer une civilisation. Deux cent mille esclaves déchargeaient trente mille Athéniens de tout travail matériel, et ces trente mille ont fait un monde qui vit encore apres vingt-cinq siècles. Il arrive bien un moment ou l'Etat est assez riche pour assurer à ses membres un minimum de bienêtre matériel. Il est fort possible qu'alors un régime égalitaire ait un effet civilisateur égal ou supérieur à un régime aristocratique. Mais ce n'est la qu'une étape postérieure pour une nation vieille et riche, c'est un aboutissement. On n'arrive à faire régner dans la société un ordre logique, égalitaire qu'apres s'être soumis pendant des siècles aux faits brutaux, à l'inégalité. Il faut consentir une défaite provisoire pour gagner la victoire. Le tort des Berbères, c'est qu'ils ont commencé par où il faut finir et d'avoir naïvement cru faire triompher cet ordre de prime abord et totalement avec entêtement. Ils se sont pendant des siècles achamés a une tache impossible. Avec une persévérance touchante ils s'y acharnent encore, l'expérience ne leur ayant rien appris. Tout serait pour le mieux si la vie n'avait des lois pressantes.

Dans cette lutte qu'ils mènent il y va de leur vie et depuis bient vingt-huit siècles la lutte les épuise peu à peu, vaincus pour avoir cru comme de grands enfants que leur rêve allait triompher un jour dans la société. La Berbérie, quoi qu'on en dise, est pauvre. Là plus qu'ailleurs la lutte pour la vie prend tout le temps de l'homme. Malgré celà les Berbères n'ont jamais voulu consentir à une classe ou à une caste quelconque le droit d'employer les autres à sa subsistance. Ils ne reconnaissent pas d'autre nom ethnique que celui d'lmazighen, qui veut dire tout à Ia fois hommes libres et hommes nobles. Un peuple ou tout le monde est noble et pauvre en même temps, où tout le monde a besoin de lutter chaque jour pour vivre, un peuple absorbé par ce qui s'oppose immédiatement à son action quotidienne, est un peuple condamné des l'aurore à ne rien pouvoir créer qui ait une universalité même relative. Et c'est ainsi que l'histoire berbére s'émiette en d'innombrablers faits et gestes de petites tribus ignorées qui jamais ne dépeseront le cadre du Canton et qui mourront en deux génératioos. Quand le dernier vieillard qui les aura vues sera mort.


Tyrannie de Ia familie et de la tribu: consentement et zèle de I'individu

Manque de spécialisation, absence totale de hiérarchie sociale, cette image ressemblerait plutôt à celle du troupeau qu'à celle d'hommes égaux et libres et jaloux de leur liberté. Peut-être la vigueur avec laquelle les Berbères ont de tout temps combattu pour sauvegarder leur vie de citoyens libres et égaux ferait-elle le contraire. Mais ils ne mènent nullement la vie de la cité antique. Ils mènent celle de la ruche: tout pour le groupe, fin suprême devant quoi l'individu ne compte pas. Tout Berbère se doit corps et ame aux deux groupements dont dépend toute sa vie politique: sa famille d'abord, sa tribu ensuite. Devant le membre de la familie, l'individu re compte pas, sa volonté s'efface devant «ce qui convient» à l'idéal traditionnel des siens, et il sera réputé <> non seulement quand il aura servi cet idéal bon gré mal gré, mais quand il aura fait sien et qu'il aura donné sa vie pour lui. Cela s'explique par les lois de la vendetta kabyle: le meurtre d'un homme amène automatiquement celui du meurtrier ou d'un de ses parents, le meurtre est une atteinte à l'honneur de tous les parent de la victime, même les plus éloignés. Un bon Kabyle doit venger son gendre ou un cousin obscur, voire un individu n'ayant de commun avec lui que le sof. De deux families se combattant, la plus forte est naturellement celle qui dispose du plus grand nombre de mâles puisqu'elle peut exterminer ses adversaires et laisser des màles srvivre pour l'empêcher de s'éteindre. De pareils drames sont toujours pendants en Kabylie, chaque famille re considère les siens comme des chiffres. La loi du monbre, cette prédilection que les Berbères semblent avoir pour le signe égal, cette frénésie du chiffre, dominent tout. La tribu à son tour ne considère les siens que comme les unités d'un tout, car les guerres entre tribus sont également des vendettas. Elles ne se font jamais pour occuper un tenitoire; à l'époque précédant immédiatement l'occupation française, tout au moins, toutes les tribus avaient un domaine stable depuis longtemps délimité. Les guerres (comme tout en Kabylie) se font pour retablir la balance de l'honneur. Que telle tribu s'estime déshonorée en la personne de l'un des siens, elle se lève tout entiêre pour échanger des coups de feu avec la tribu prétendue fautive. De part et d'autre, on reste généralement sur les positions prises dès le début jusqu'à ce que, lassé de part et d'autre, on se retire; nul ne peut alors s'attribuer une victoire visible et manifeste. C'est pourquoi est réputé vainqueur le camp qui compte le moins de morts. La balance étant rompue, la tribu dite vaincue n'aura de cesse qu'elle n'ait retabli l'équilibre en supprimant chez l'ennemi autant de vies humaines que celui-ci lui en a prises. Toujours et sans cesse la hantise du signe égal.

On ne peut concevoir, malgré les apparances, combien est grande la préssion du groupe sur l'individu. Celui-ci se doit à sa famille d'abord, puis à son sof, à son village, et puis à sa tribu, dernièrement à lui même. L'idéal auquel tendent tous les hommes <> est de sacrifier leur désir à celui de la communauté. Tout au plus l'individu peut-il, au cours des délibérations, essayer d'influer sur la décision: iI s'y conformera complètemenl. Il se doit au groupe, le groupe se doit à lui. Que dans un marché que fréquentent l'nombre de confédérations, un homme d'une tribu ait été molesté par l'enfant d'une autre, toute sa tribu, loin de voir là une affaire pelrsonnelle, se lèvera même sans qu'on l'appelle. Les individualités les plus marquantes, les plus réellement fortes, ont toujours senti peser sur elles ce poids du groupe. L'individu, si puissante que soit sa personnalité, ne peut rien faire en Kabylie s'il n'a derrière lui un groupe prêt à le défendre contre tous. La poésie garde encore des échos de cet écrasement par le groupe des puissantes individualités: un chef de familie d'une éloquence consommée est presque isolé par ceux de son village, ses propriétés passent pour ainsi dire au domaine public, il n'est jusqu'à un nègre, nouveau venu, qui n'ose l'insulter sans même garder la mesure comme font, par égard pour sa valeur, ses ennemis kabyles; la seule solution en pareil cas est d'habitude l'exil volontaire; un Oujaoud préféra lutter; iI parvint à constituer un parti puissant et, au chef de ses adversaires lança, quand iI se crut assez fort, ces vers:

- Va dire au pelerin de la familIe des «fils du vieillard»:
Que ce que tu désires arrive!
- Si tu veux la paix:
Q'avons-nous à tirer du désordre?
- Si tu veux la guerre
Soixante-quinze guerriers me suivront
- J'ai juré, fait un serment inébranlable
Car je sais ce qu'il y a dans mon coeur.
- Avec du sel l'onf era des galettes,
Que l'on trempera dans du goudron (en guise d'huile)
Avant qu'il n'y ait avec toi de réconciliation,
Et les boeufs seront auparavant tondus (comme des moutons).

On ne peut être ni plus affimatif ni plus exaspére. Cet accaparement de l'individu par le groupe s'explique par le manque de pouvoirs organisés dans la société kabyle. Malgré les "oumena", les "tamen", la "djemaâ", c'est au fond l'individu ou le groupe tout entier qui se fait à soi-même justice. Il n'est pas de pouvoir pour défendre les droits de tous indistinctement, pas d'autorité pour imposer des devoirs. Pour ne pas subir d'injustice, chacun doit défendre lui-même ses droits. L'égoïsme aidant, il arrive très vite que les trop puissants ne se boment pas à défendre simplement leurs droits, mais qu'ils exercent sur les autres des droits illicites, qu'ils deviennent oppresseurs. Il est bien difficile de garder la juste mesure dans un proces où l'on est à la fois juge et partie: c'est justement parce que chacun défend ses droits que la vie est si apre en Kabylie: c'est également parce que chacun s'impose à soi-même des devoirs que ceux-ci sont si rigides, si impératifs, en général si respectés. Chacun en Kabyle n'obéit qu'au devoir qu'il a consenti, singulière liberté; mais en même temps les circonstances font que, dans les faits, le Kabyle est astreint à consentir certains devoirs, entre autres celui d'un total dévouement au groupe. Cette coercition des circonstances n'est d'aillers sentie que par les individualités vraiment exceptionnelles. Dans la plupart des cas, le Kabyle est convaincu que c'est de propos délibéré, librement, qu'il a choisi son idéal de dévouement au groupe; et il est certain que cette coercition ne fut éprouvée comme vraiment impérieuse qu'à l'époque ou se forma cet idéal pour quelques rares individualités. Une fois cet idéal formé, on en parle toujours comme s'il était beau en soi, et les circonstanr sont nombreuses pour montrer qu'il est en tout cas le seul pratique et admissible. C'est souvent ainsi que se forment les idéaux sociaux; des conditions purement matérielles imposent à un moment donné un certain mode de vie, une certaine conception du devoir, à un moment donné la société prend conscience de ce qu'est cette vie, on en parle comme de quelque chose de bon: et comme nous avons toujours tendance à universaliser nos penchants ou nos conceptions, lorsque notre idéal ne cadre plus avec la realité, parce que les circonstances qui l'ont fait naître ont changé, nous lui devenons infidèle, peu à peu nous l'oublions, au besoin nous en trouvons un autre plus en rapport avec la vie présente, et que nous proclamons à son tours universel et absolu.

Le sof, juxtaposition d'individus

Il est très difficile à l'individu sur qui pèsent ces principes rigides de s'en débarrasser. L'éducation familiale les lui a inculqués des l'enfance, sans discussion. Il est très vite amené à les vivre et à les appliquer, ce qui l'empêche de jamais examiner leur valeur effective. Très jeune la vie du sof et de la tribu l'accapare, et le jeu des alliances, avec l'altenative des succés et des revers, est un jeu trop passionnant. Trop occupé à vivre ces principes, il songe d'autant moins à les analyser que l'existence politique du hameau-cité péretre chacun de ses actes, remplit pour lui la vie quotidienne. Cependant il y a toujours en l'homme un égoïsme qui se cabre contre la pression du groupe. Du conflit de cet égoïsme et de la société, est né un individualisme bebrbère très particulier: du moment que l'individu ne peut penser et vivre comme il l'entend, il trouve un dérivatif à sa personnalité en entretenant dans le groupe une atmosphere d'anarchie et de troubles qui alimente ses passions. La seule raison d'être d'un sof est l'atmosphère enivrante de passion, de vie dangereuse qu'il favorise, tout ce qui nourrit l'anarchie désastreuse et pourtant chère aux coeurs berbères parce qu'elle permet de vivre sans frein, pleinement, et que le Berbère dans l'agitation se sent dans son élément. Au fond, d'ailleurs, ce que le Berbère aime retrouver dans cette division indéfinie de sa société en unités de plus en plus petites, c'est, à travers le groupe, son individualisme effréré dont jamais il ne peut se départir et qui ne voit confusément dans l'union avec les siens que le moyen de mieux asseoir, de renforcer son égoïsme débordant. Ce culte de l'individu vient sans conteste du manque de grands idéaux intellectuels, de principes universels, de religion
vraiment assimilée. L'on vit de certitudes autant que d'aliments. Mais quand on ne peut croire en nul principe supra-humain, on croit en soi-même, on admet volontiers qu'en dehors de soi rien n'existe, du moins rien qui soit digne d'être; on se considère comme un absolu et l'on en devient d'autant plus impénétrable à autrui. Cest ainsi qu'à travers les siècles les Berbères n'ont jamais changé, mais qu'ils n'ont aussi rien appris. Ils se contentent de durer, de s'agiter sans cesse des mêmes jeux, de repasser par les mêmes ornieres. Quiconque croit en soi tend toujours à faire triompher ce «soi» sur les autres, et le Berbère, pour ce faire, multiple les alliances qui lui permettront de mieux s'affinner, de «se poser en s'opposant». Voilà pourquoi en village, une tribu, une confédération et en sof plus que tout sont des mises en commun d'individualismes. Le groupe se forme en Kabylie par juxtaposition volontaire des personnes, ce qui lui donne une remarquable fragilité et une absence totale de cohésion. Voilà pourquoi les grandes confédérations berbères, les grands empires se sont toujours écroulés avec une vitesse que rien n'égale, sinon la rapidité de leur constitution. Il n'y a pas cette interpénétration, cette unité interne qui rendent si solide un grand pays parce qu'elles sont fonction de deux facteurs principaux, qui n'existent ni l'un ni l'autre chez les Berbères, les conditions économiques et un idéal commun.

Nous avons montré l'absence de cet idéal. Quant aux facteurs économiques, il faut dire que l'écooomie intervient très peu dans la vie berbère; elle y est restée à un stade inférieur: chaque "gens" tire de ses champs toute sa subsistance et n'a quasi rien à devoir à personne, I'inégalité matérielle est pratiquement inexistante. Le groupe est fondé sur le sentiment et la défense de l'individu; ce ne sont jamais des nécessités vitales qui provoquent sa naissance ou lui font sa nature, c'est la libre volonté humaine et le besoin pour chacun de préserver sa vie en l'alliant librement à d'autres. De là vient d'ailleurs l'extrême instabilité de la vie berbère: rien de plus changeant que la volonté humaine, même quand par un effort constant on essaie de faire sans cesse prédominer le raisannable sur l'impulsif. Au contraire, des conditions de vie identiques ou complémentaires sont un facteur important de cohésion par l'harmonieux équilibre des égoïsmes contradictoires qui naissent nécessairement Le sof. Juxtaposition d'individualismes, ne peut guere former qu'un faisceau de passions, d'ambitions, de ressentiments et on ne peut imaginer à quel point les passions inspirent le sof, comme tout, du reste, en Kabylie. C'est pourquoi les sofs des sols sont tous des psychologues consommés, des maîtres orateurs. Il en est qui atteignent une virtuosité vraiment remarquable et sont capables par le seul effet du discours de faire s'entretuer des milliers d'hommes. Beaucoup d'entre eux font de la politique en véritables artistes. Dénués de scrupules, ils se plaisent à mener les hommes par leurs passion. A ce jeu palpitant souvent se prennent eux-mêmes, en font leur vie, ne peuvent plus s'en passer. Tel grand orateur qui, tout jeune, encore imberbe, a réuni toutes les tribus kabyles pour déclencher l'insurrection de 1871, puis domina l'assemblée par son éloquence passinnée et sa connaissance du coeur humain, survivant à l'insurrection, voit monter, au moment où il commence à vieillir, une génération qui se soucie peu de la cité, et n'en a du reste guêre le moyen, n'étant plus autonome. Ses talents n'ont plus de pouvoirs. Les gens ne l'écoutent plus. Mener les Kabyles était devenu pourtant une condition essentielle de sa vie. Il ne s'en guérit pas:

- Oh! l'histoire qui s'est passée la derniere fois!
Des hommes nous ont joués.
-Ils m'ont laissé tout projeter
Puls se sont mis à rire, à se moquer.
- Si j'avais des fils
Et des frères de ceux qui sont zélés
-Ils m'auraient roué de coups de bâton
Comme un tambour ils m'auraient ligoté
- Ma langue m'a attiré cette mésaventure
J'invoque Dieu pour qu'il la coupe
- Car quandje dis : «Voilà la direction de La Mecque»
On prie dans le sens opposé.

Ces orateurs sont d'ailleurs rarement des meneurs de foules. Tout, en Kabylie, se ressent du caractère individualiste de la race. Tout y est agissement individuel, jamais mouvement de foule. Quand les individus sont ensemble, ce qu'ils mettent en commun le plus souvent, ce sont leurs sentiments, leurs passions les moins raisonnées, parce que ce sont les plus contagieuses et les plus agissantes. Il suffit de savoir flatter ou remuer ces sentimefits grossiers pour mener une multitude. Mais on peut difficilement prendre par les entrailles un individu: pour le convaincre il faut une fine psychologie et une connaissance approfondie de l'homme. Un chef anonyme est obligé en Kabylie, pour s'imposer à tous, de commencer par s'imposer à chacun en paniculier. La moindre décision, en ce pays éperdument démocratique, exige I'assentiment anonyme, ce qui rend le plus souvent les assembllées kabyles d'une remarquable inéfficacité. Tous ont le droit de donner leur avis sur un projet quelconque, et l'on ne passe jamais à l'affaire suivante qu'une fois la question de pincipe approuvée par tous et clairement définie. Rien de plus favorable à la formation de l'esprit critique, au respect de la dignité de l'homme qui ne fait que ce qu'il a librement consenti; mais rien de tel non plus pour ne rien accomplir de grand, la majorité des assemblées étant toujours formée par d'honnêtes médiocrités; le plus souvent rien de tel pour ne rien entreprendre du tout. Ainsi, Ia politique en Kabylie n'est jamais question vitale, c'est uniquement un jeu de sentiments, d'ambitions, et quanad par hasard elle met en cause des vies humaines, c'est uniquement par le fait des passions. C'est ainsi que dans un village, les rapports entre les deux partis étant devenus intenables, un des deux chefs du premier sof parvint, par l'argent et les balles, à exiler tout le parti adverse, qui s'en fut resider pendant onze ans à l'étranger. L'autre chef du sof vainqueur, trouvant que c'était malgré tout pour le village une calamité que d'avoir perdu la moitié de ses habitants, au bout de onze ans, rappela son adversaire. Son collègue, de rage, changea de sof et désormais fit cause commune, contre ses parellts et amis, avec ceux mêmes qu'il avait bannis.

Société close et irréductible

Les Kabyles et tous les Berbères ont des conceptioos très différentes de la conception orientale. Ils ont de naissance un esprit de repli sur soi, de jalouse conservation de tout ce qui est eux-mêmes, au moment où, en apparence, ils semblent se donner entièrement. Le vernis qu'ils prennent alors n'est que la couleur qu'emprunte le caméléon pour mieux passer inaperçu. Celà leur vient sans doute d'un esprit d'insociabilité naturel ou acquis. Ils ont l'anarchisme dans l'ame et vouloir cohabiter entièrement et sincèrement avec une société différente de la sienne, c'est accepter un certain nombre de conventions, de contraintes, de règles, ce qu'aucun d'eux n'a jusqu'à présent su faire. Le Berebère ne peut vivre passionnément qu'avec les Berbères. Frotter ses ressentiments et ses colères contre des hommes aussi passionnés que lui le tient en haleine, opposer ses passions à des passions entières et ardentes l'exalte et le grise. Voilà pourquoi depuis si longtemps que les envahisseurs les plus divers défilent sur l'Afrique, les Berbères n'ont pas encore totalement cédé. 11 en est toujours d'insociables parmi eux, qui n'ont point renoncé encore au rêve de l'anarchie la plus libre, de la vie la plus passionnée. Plutôt que de composer avec le martre qui les a vaincus, ceux-là fuient devant lui, lui laissent les plaines et les villes, vont se nicher dans des aires qu'ils croient imprenables et qui le sont en effet jusqu'à un certain point. Ce phénomène est remarquablement général: il y a des Berbères en Tripolitaine, ils habitent la montagne, le djebel Nefousa ; il Y en a en Tunisie, ils habitent une île, Djerba; en Algérie, ils habitent la Kabylie, l'Aurès ou le désert improductif, le Mzab; au Maroc, ils habitent l'Atlas et le Rif; au Sahara, le lointain Hoggar. D'instinct, sur tous les points de leur vaste domaine, plutôt que de se fondre, ils ont fui, exilés volontaires, pour qui les temps nouveaux avaient perdu tout charme. Mais ces îlots séparés les uns des autres, chacun replié sur soi, menant des siècles une vie confinée et somme toute peu variée, puisque les mêmes hommes à chaque génération répètent comme une litanie éternelle les actes de leurs grands-parents, ces îlots en général évoluent de plus en plus, à moins d'événements imprévus, dans le sens de la spécialisation. C'est ainsi que se sont créées de petites sociétés berbères fermées on ne peut plus. Chacune possède en propre, sinon une législation, du moins des coutumes d'autant plus rigoureuses que cette société se sentant isolée et par conséquent à chaque instant près de se désagréger dans la commune vie sociale qui l'entoure, a besoin de plus d'originalité pour demeurer elle-même. «Nous avons fui de la plaine à la montagne, ghef nnif, pour l'honneur», pour ne point servir, disent les Kabyles, en le pensant vraiment. Pour l'honneur sans doute. Peut-être qu'en s'auscultant bien, une autre raison leur viendrait à l'esprit, plus profonde parce qu'elle tient plus à leurs entrailles. Rien ne le prouve mieux que la façon dont, sur tous les points de l'Afrique du Nord, les Berbères réagissent instinctivement à tout conquérant nouveau. Avec la frénésie du désespoir, ils le combattent les armes à la main, sans admettre de demi-mesure, car l'anarchie ne se défend pas à demi: elle est totale ou elle n'est pas. Après avoir été vaincus une première fois en 1857, les Kabyles ont conservé leur organisation municipale, en fait la seule qu'ils aient eue même avant les Français. De l'avis de tous, le motif pour lequel on avait, il y a bien longtemps, fui l'Arabe vers la montagne, n'était plus, il fallait ou reconquérir la liberté totale, ou se fondre dans le nouvel Etat et l'insurrection de 1871, lorsqu'elle fut projetée, recueillit l'unanimité des djemaâs. Et la Kabylie, jadis terre chérie de ses enfants, qui ne trouvaient nulle part ailleurs où développer librement leur vie, maintenant perd un à un ses fils par l'émigration. C'est la fin du long rêve d'anarchie pendant tant de siècles amoureusement couvé - le mirage s'est évanoui. De la même façon réagiront les Rifains d'Abd-el-Krim et les Chleuhs de l'Atlas. Mais l'histoire maintenant touche à sa fin : les Berbères n'auront plus bien longtemps quelque chose à défendre.


Tendance vers une justice humaine

Ainsi donc toute la société berbère n'est qu'une immense mosaïque, une poussière de petites communautés, étrangères les unes aux autres, chacune avec son idéal, sa vie cantonnée, son horizon intellectuel borné aux frontières du petit Etat. C'est cet excessif cantonnement qui a fait l'intransigeance de la coutume kabyle. On n'a pas claire notion de la liberté individuelle et de l'infinie diversité humaine dans une société qui vit en vase clos. C'est en elle que se resserre l'aire de la justice et de la charité. Les Kabyles se persuadent aisément que leurs seuls devoirs sont envers les leurs. Et cependant, le jeu des circonstances ou l'ascendant d'individualités puissantes les a parfois amenés à briser leur cadre étroit. L'Islam, religion monothéiste et à tendance universaliste, a aidé à cette action. C'est que la dure coutume de la montagne s'est humanisée et que le citoyen du hameau s'est habitué à concevoir que la justice et la charité s'appliquent à la généralité des hommes. Malgré les apparences, les commandements trop cruels de l'impératif social s'humanisent beaucoup en Kabylie. II existe même au-dessus de l'idéal de l'honnête homme, Kabyle moyen, un idéal fait pour ainsi dire pour une élite, les lâaqqwal, les sages. Ceux-là souffrent par principe des vexations multiples qui amènent généralement une suite interminable de calamités et leur grande affaire est de faire sans cesse prévaloir sur leurs passions leur raison. Ce sont toujours eux qui dans les délibérations inclinent vers les solutions pacifiques, même au dam de certains intérêts, eux dont les jeunes prennent conseil, qui toujours défendent un idéal d'humanité et de justice et très souvent l'appliquent les premiers. Ils sont pour la solution la plus pacifique, ils sont aussi pour les solutions les plus justes. TI s'agit ici de justice naturelle légèrement teintée de pure coutume kabyle, qui toute humaine qu'elle soit, à la longue a passé pour aussi naturellement juste que le reste. Nul plus que le Berbère anarchique et égalitaire n'a le respect de la dignité de la vie humaine. L'application continuelle que leâqul met à tout faire raisonnablement et à toujours dominer ses passions l'amène à un idéal de juste mesure. Ne commettre aucun excès, car Dieu, et surtout la vie,
la famille, plus près du Berbère que la divinité, don des Sémites, trop abstraite dans un ciel trop lointain, punit l'insolence et l'orgueil. Les Kabyles n'ont pas de code, mais ils ont un canon de conduite dont le nom propre est taqwbaylit, et le nom commun lmizan, la balance. La balance, voilà bien un symbole, un mot significatif: faire que l'un des deux plateaux ne l'emporte jamais sur l'autre. Ainsi les Kabyles ont dans leur idéal pour ainsi dire deux échelons: celui du vulgum pecus, le code de l'ho
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11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00
 
Les articles définis le, la , les, ainsi que de , du, des ne sont pas employés en tachelhite; ils sont contenus implicitement dans les mots qu'ils déterminent; par exemple le mot aydi peut désigner le chien ou bien un chien; tiflout renvoie également à la porte ou bien une porte.
aghroum peut se traduire à la fois par le pain, ou du pain.

Par contre les articles indéfinis un, une se traduisent par:yan ( ou ya ) au masculin,yat au féminin.

Exemples:

yan argaz, ou ya ourgaz : un homme
yan aydi, ou ya waydi : un chien
yat temghart : une femme
yat tefroukht : une fille
yan izi ou ya izi: une mouche
yan ouzrou, ou ya ouzrou : un caillou
yat tafounaste : une vache

t°mmim tazart : la figue est bonne
tfoulki tafroukht: la fille est belle
tm°qour tigemmi : la maison est grande
iqqour aghroum : le pain est dur
kchemn irgazen : les hommes sont entrés


zrigh yan argaz : j'ai vu un homme
ikchem yat tigemmi : il est entré dans une maison
ifugh ya waydi : un chien est sorti
ifkayas aman : il lui a donné de l'eau


Le substantif ( le nom ) :

En règle générale les noms masculins commencent toujours par les voyelles a, i, o; les noms féminins débutent ( et se terminent souvent ) toujours par la lettre " t ". Il existe quelques rares exceptions malgré tout à cete règle.

Exemples:
a / noms masculins:

Agayyou : tête
aqellal: tête
agmar: cheval
ayyis: cheval
aydi: chien
azro: pierre
adrar: montagne
aghanim: roseau
agharas: chemin
agherda: souris
ajddig: fleur
amedlou: nuage
aggourn:farine
azerg : moulin
amoud : grain ( semence )
aman : eau
alqagh : agneau
agdour : crûche
afous : main
aDar: pied
aHlig : ventre

izem :lion
ifis : fauve ( ou lion ) ( ogre dans les contes )
ifer: feuille
ifri : grotte
imi : bouche ( désigne également l'entrée d'un lieu )
ils: la langue
ikhs : os, ou dent
ilm: peau
isk: corne
izi : mouche
ird°n : blé
iger: champ
idammen: sang ( s'emploie au pluriel en tachelhite )
im°ttawen : larmes
ibawn : fèves
itri : étoile

oudem: visage
ourti : jardin
ouchchen : chacal ( ou hyène )
ouzzal: fer

Remarque:

Certains noms, peu nombreux, sont du genre féminin, bien qu'ils commencent par i, o; ils expriment en général les liens de parenté,( à l'exception de oulli : troupeau d'ovins ):

imma : ma mère
inna : grand- mère
illi : ma fille
oultma : ma soeur

Le féminin:

Tous les mots commençant par " t " sont du genre féminin ( à l'exception de " tarwa" ( la progéniture, ou descendance, enfants )

Exemples:

tafoukt: soleil
tiflout: porte
taggourt: porte
tifawt: lumière
tifiyyi: viande
tiremt: le repas
tasmi : l'aiguille
tachelhit : femme chleuh ( ou la langue chleuh )
tafroukht : fille
taâzrit : jeune fille ( attention à la lettre " â ",, le " äïn" arabe, transcrite également parfois par 3 ( ta3zrit )
tislite ( ou taslite ): la mariée
tazart: le figuier
taDsa: le rire ( D gras palatal )
tillas : l'obscurité ( prononcer et accentuer la prononciation du " l " )
tisent: sel
tiyni: datte
timquit: goutte
tamart : barbe
tafounast: vache
tagat : malédiction
tagmart : jument
tagmourt: chasse
taydit: chienne
takhsayt : courge, potiron
tighrad: salaire
tabrat: lettre , pli
tafoulloust: poule
tagant : forêt
tafsut : printemps
tagerst: hiver
tamazirt : pays
tangoult : galette de pain
tawrirt : colline

Pour former le féminin à partir d'un nom au masculin on rajoute donc tout simplement la marque du féminin, " t ", en début et en fin de mot, sauf quelques rares exceptions :

afoulous: tafouloust ( coq / poule )
agmar: tagmart ( cheval / jument )
aroumi : taroumit ( européen / Européenne )
isli : tislite ( ou asli, taslite ) ( fiancé /fiancée )

Exercices: traduire les mots suivants et les mettre au féminin:

agmar; agdour; iz°m, afroukh; isli; afoullous; oucchcchen; achelhi ; afroukh; awrir.

Source: leschleuhs.com
 
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11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00

Depuis quelques décennies, on a assisté à des recherches foisonnantes portant sur la culture amazighe dans toutes ses dimensions, que ce soit en linguistique ou en littérature.
La littérature d’expression amazighe jouit actuellement d’un intérêt éprouvé par plusieurs chercheurs qui ont cerné l’originalité de certaines formes littéraires. Le présent travail porte sur les devinettes comme genre littéraire qui est jusqu’à présent presque inexploré.
Le travail de Bentolila (1986) est avant lui celui de Baynon (1967), comme seules études réalisées à notre connaissance, nous ont servi de point de départ même si ces derniers n’ont entamé ni la structuration ni l’environnement de la devinette.
Quant à notre modeste travail, il porte sur les devinette du Sud-Est, qui sont dans la plupart des cas identiques à celles de Souss, ou à celles des Ait Hdiddou, telle qu’elles sont présentées par Ben tollila (1986), malgré la différence des versions. Il nous appartient à notre tour, et à la manière des genres déjà explorés, de tenter une analyse syntaxique , rhétorique, et thématique des devinettes, afin de montrer une certaine harmonie, s’il y en a lieu, en mariant le fond à la forme.
Nous allons organiser notre travail en deux chapitres essentiels.
Le premier, théorique, comprend quelques éléments préliminaires jugés nécessaires pour comprendre le milieu socio-culturel qui nourrit la devinette. Quant au deuxième chapitre, il est centré sur l’analyse du corpus suivant une approche structurelle où nous allons montrer comment la devinette est structurée au niveau de la distribution des classes grammaticales de la phrase, ou encore comment elle est structurée au niveau stylistique s’agissant des figures de rhétorique auxquelles recourt la devinette. Une seconde approche traitera des thèmes que véhicule la devinette et qui sont relatifs à l’imaginaire et au réel. Le corpus est classé selon que la devinette se rapporte aux rites et à la religion, à l’homme et à son environnement, au monde végétal, ou au monde de l’animal.
N’étant pas déplacé sur place, nous nous sommes limité à recueillir 93 devinettes auprés des étudiants provenant des régions à l’étude.

I- Cadre socioculturel
1) situation géographique:
Cet aperçu géographique a pour objectif de situer le domaine où circulent des formes littéraires variées, y compris le répertoire des devinettes collectées. En fait, ce terrain constitue un champ vaste qui comprend tout le Sud-Est, de OUARZAZATE à ERRACHIDIA. La langue Amazighe est la seule langue utilisée, à l’exception de quelques groupes Arabophones installés à ZAGORA et à SKOURA.
On peut, alors, schématiser cette immense surface par trois traits essentiels qui représentent des caractéristiques géographiques différents s’agissant des paysages et reliefs et le type d’agriculture dominante.
De OUARZAZATE à BOUMALNE en passant par KLÂA MGOUNA s’étendent plusieurs régions regroupées sous l’appellation « DADES », parce qu’elle longent la vallée de Dadès. Ces régions se distinguent par l’arboriculture, essentiellement les figuiers et les roses de parfum et la céréaliculture du blé et du maïs. De BOULMANE, la vallée étire sur 90Km et remonte à Ait Sedrat, puis M’SSEMRIR pour prendre sa source à « imdghas » dans le territoire des Ait HADIDDOU. De nouveau, et plus au Nord Ouest les terres deviennent vaste et on assiste à une agriculture multiple: les pommiers, les noyers, les haricots, des pommes de terre, du blé et du maïs. Il faut signaler que BOUMALNE se situe au centre du domaine pour déterminer l’autre trajet.
Au Nord-Est, Ce troisième parcours s’étire sur 250Km, et longe IMIDER, Saghro, Ait Aissa OUBRAHIM, GOULMIMA et ERRACHIDIA qui clôt le domaine. Cette étendue présente des oasis et de palmeraies. « Ghellil », à la sortie de Tinghir, reste le seul endroit riche en agriculture, en dehors de quelques rares endroits cultivés en blé, des pommiers et des amandiers comme à saghro.
Il ne semble pas inutile de compléter ce survol géographique par une présentation des reliefs où dominent les montagnes. Les chaînes montagneuses se manifestent dans le JBEL « Saghro », le JBEL « BADDOU » à AIT HADIDDOU. Ces derniers atteignent jusqu’à 2000m. A côté de ces reliefs, nous relevons également quelques plaines, notamment la plaine de Dades, et celle de ANBED à Boumalne.

2) Organisation sociale:
Depuis la nuit des temps, l’homme combattait pour vive. il devait constituer des groupes pour s’entraider et faciliter la survie de l’espèce, mais ces groupes s’affrontent, éclatent, et s’associent de nouveau en fonction de leur intérêts. Qu’en est-il de la communauté à l’étude qui compte en tant que partie intégrante des plus anciennes cultures du monde?
Les amazighes ce sont installés en Afrique du Nord depuis des millénaires sous forme de tribus « tiqbilin », qui ont conservé des structures politiques et administratives rigoureuses jusqu’au début du Xxème siècle avant l’avènement du protectorat français..
Dans la zone qui nous intéresse, on assiste encore de nos jours à une organisation et une réglementation des liens entre groupe et tribus. La confédération est le premier élément de la structure tribale, c’est une alliance où s’unissent des tribus de la structure tribale, c’ est une alliance où s’unissent des tribus de même origines ayant réellement les mêmes intérêts. Le Sud-Est regroupe deux grandes confédérations: Ait Atta et Ait Yafelmane. A propos des Ait Atta, G. spillman dans son livre: « les Ait Aha du Sahara et la pacification du Haut Drâa » parle de cinq tribus (Khems Khmas): Ait Ouallal, Ait Ouahlim, Ait Isfoul, Ait Iazza, Ait Ounbgi.
Ces cinq tribus engendrent plusieurs autres fractions, celles-ci à leur tour gèrent l’ensemble des fractions, puis des os (ighsan) qui semblent être l’unité patriarcale d’un groupe.
L’ « ighs » (l’os) est le plus petit élément tribal et une petite unité d’un « gigantesque squelette » (A. BERTRAND, 1977, p18). La deuxième grande confédération est formé des Ait Yafelmane ( ceux qui ont trouvé la paix). Si Ait Atta ont comme ancêtre « DADDA ATTA », les Ait Yafelmane se rattachent à un ancêtre dit « Baibi ». S’agissant de cette confédération, G.Spillman évoque quatre tribus: Ait Mrghad, Ait Hdiddou, Ait Izdeg, Ait yahia, d’où émanant trois fractions notamment: Ait Mesri, Ait Youb et Irbiben qui se subdivisent en fractions et finissent par des noms de grands familles. Si on interroge les relations entre ces deux confédérations, on constate qu’elles ont connu une succession des batailles et d’affrontement pour protéger leurs pâturages, leurs systèmes d’irrigations, ou même parfois l’honneur de leurs tribus. Actuellement tout se régle en paix, Le chef élu par « Jmaâa » de chaque tribus, appelé « Amghar » se charge de pâturage « agwdal » et de l’application de système d’irrigation.
Loin de l’autorité du cheikh et du Caïd, amghar doit rendre compte du déroulement de ses tâches à « jmaa »’ comme il doit renseigner et se renseigner apurés des chefs des autres tribus à propos des perspectives ou encore les procédures de punition envers quelqu’un qui n’a pas respecté l’ordre établi, à savoir le système d’irrigation ou le respect des droits aux pâturages. Ce n’est qu’en cas d’insoumission aux règlements qu’on recourt au « caid ». Celui-ci s’informe apurés des personnes agées chez les Ait Atta, ou les Ait Hdiddou, ou encore chez les Ait Mrrghad. Le Caid en tant qu’administrateur étant incapable d’identifier les terres et les frontières des propriétés, ne s’empêche pas de consulter ces personne lors des conflits autour d’une terre inconnue ou problématique. « Izmaz » reste l’une des punitions qu’on doit payer en cas de transgression des lois imposées par l’assemblée, surtout quand on n’a pas honoré une tâche communautaire impartie comme ne pas nettoyer sa part dans la rigole (afrad n trggin), ou laisser son troupeau dans des pâturages défendus. Etymologiquement ’Izmaz’ est le pluriel du terme « azmz » qui signifie le temps, c’est à dire le temps, ou à chaque saison, une telle sorte de fruit ou de légume est presque mûre. C’est la période où chacun a peur de perdre ses fruits soit par les oiseaux, où par le vol des petits enfants. Pour protéger ses biens, on a pensé à une punition. Cette punition a pris le terme »izmaz » qui représente le vestige d’un droit coutumier complet « az rf » qui a disparu, mais il est rapporté dans les écrits de David Hart et de G spillman.
Mais nous assistons encore à la rigueur de certaines coutumes comme le mariage, dans la mesure où un homme ou une femme ne peut pas se marier d’une autre personne étrangère à la tribu. les tâches communautaires d’ordre associatif sont aussi contrôlées sans que l’administration centrale (makhzen) soit impliquée.
Toutefois, il faut signaler que ces confédérations et ces tribus se sont dispersées lorsqu’on a suspendu le tribunal des coutumes à Saghro. Pour les Ait Atta, ils se sont installés a ZAGORA (Nqqoub), Saghro, Mssemrir, Ait Aissa Oubrahim, quant aux tribus des Ait Mrghad, on distingue ceux de GOULMIMA, TINJDAD et ceux de M’SSEMRIR. En fin les tribus des Ait Hdiddou se trouvent à Imd ghas, à Imilchil et à Tilmi. Les tribus des Ait SEDDRAT occupent actuellement le centre de ce domaine et sont désignées par la plaine de « Dadès ».

3- Eléments Anthropologiques ou spécificités locales:
L’étude Anthropologique est l’une des sciences qui s’intéresse à l’étude de l’homme en relation avec son environnement et sa fonction dans la société, et des mutations qu’il subit. Mais rares sont les ouvrages qui ont été consacrés à cet aspect, si l’on excepte celui de TASSADITE yacine en Algérie et Ali Amahan au Maroc. s’inspirant des travaux de David Hart, G. spillman, Gabriel carmps. Hamanoudi;..., nous présentons quelques éléments Anthropologiques jugés nécessaires pour mieux cerner l’environnement de notre corpus, principalement l’analyse de ce corpus, au niveau thématique où nous référons à la nourriture, les habits et les parures, le mariage et le statut de la femme, les fêtes rituelles et agraires...
3.1 La nourriture:
La production agricole et animalière est la base fondamentale de toute sorte d’alimentation dans les zones rurales. La qualité des mets est diversifiée et varie aux rythmes des heures et des saisons, et selon la richesse des familles. A ce propos, Ali Amahan(1998:224) avance que » L’hiver est la saison de pénurie alimentaire et de parcimonie », il est qualifié de «saison de sous- alimentation », tandis que l’été en tant que saison des récoltes céréalières, légumineuses et fruitières et saison des festivités et du retour des émigrés, est une période de »Sur- alimentation ».
En outre, la diversité des mets se manifeste dans la nature de la matière première utilisée comme la farine. Ainsi peut- on distinguer par exemple différents types du pain et du couscous selon qu ’ils sont préparés à base d’orge, de mais ou de blé. Le pain est servi aux trois repas de la journée; il accompagne le café au lait ou le thé à la menthe pendant le petit déjeuner, et complète « douaz » au déjeuner qui est formé des légumes où domine les pommes de terre garni de sauce et de viande.
Pour les goûters où les collations dans les champs, on prépare des dattes et du petit lait, ou du beurre à la demande des personnes âgées, ou encore on leur réchauffe le reste de la soupe du matin. Le soir, ou se réunit autour d’un plat de couscous aux navets accompagné du petit lait » aghou ».
Ce repas de nuit est remplacé parfois par la bouillie à base de farine de mais ou de blé
Ces derniers temps, on a assisté à un écoulement des produits manufacturés sur les souks hebdomadaires, notamment le riz, les lentilles, les petits pois. Dans cette mouvance socioculturelle, « askkif » devient « tahrirte », la soupe du ramadan. En dépit de toutes ces mutations, l’aliment reste un élément de cohésion sociale, puisqu’on partage des repas au moment des fêtes et des invitations.
De ce fait, la nourriture conserve encore ses valeurs culturelles et symboliques(A..amahan:1998.228). Les repas sont consommés en groupes en vue de consolider la fraternité et l’amitié, pallier les malentendus. Ne dit on pas « nssar tisent », nous avons partagé le sel, qui veut dire qu’il n’est pas tolérable de faire du mal à quelqu’un quand on à partagé avec lui un repas.

3.2 Les habits et parures:
Plusieurs ouvrages ont abordé le costume traditionnel Marocain en général et amazighe en particulier, mais ils se limitent à ses aspects touristiques et folkloriques. Ali AMAHAN (1998) de son côté, souligne l’importance des habits comme étant l’une des expressions qui caractérisent une société. En effet, c’est par le biais des vêtements qu’une société exprime ses particularités, sa personnalité et son identité par rapport à ses voisines.
Le costume amazighe représente des valeurs esthétiques se rapportant à la forme et à la couleur préférée qui varie d’une région à l ’autre, Généralement, le vêtement traditionnel était en laine, le tissage de ces vêtements compte parmi les activités principales des femmes à domicile. Les poils de chèvre associés à de la laine servent à confectionner « aslham » et « aznnar », sortes de burnous pour homme qui protège du froid, ainsi que « ahndir », sorte de couverture endossée par les femmes pour les mêmes raisons.
Pour les homes âgés, une Jellaba portée sur un pantalon traditionnel dit « agwal » ou encore « atawi » et un chemise simple avec de grands cols sont les habits utilisés. La tête est couverte d’un turban en coton dit « tarzzite » qui mesure environ deux mètres. Le turban symbolise la virilité et le pouvoir masculin. Quand aux accessoires, une sacoche (aqrab) en cuir décorée est portée le jour du souk. Elle représente la responsabilité. Cette sacoche est remplacée pendant les festivités par un épée (uzzal) dans certaines région.
Les femmes portent un pantalon et un tricot en laine, au dessus, une longue chemise en coton dite « aqqidur » qui s’étend jusqu’aux pieds. Enfin un tissus en Nylon taillé d’une façon à couvrir les mains et une partie de la poitrine où, sur la partie gauche, les vieilles femmes attachent une fistibule qu’on appelle « tasghnst », servant également d’élément décoratif pour garder l’équilibre du tissu. En ce qui concerne la coiffure, contrairement au vêtement qui s’est uniformisé, elle donne la meilleure image d’une valeur ethnique. Dans la plupart des régions du sud- est, le non général de la coiffure à deux grands tresses est « adlal » plur. « tidlalin ». La façon de faire et défaire ces tresses diffère d’une tribu à l’autre dans la même confédération. Chez certains Ait Atta de Retb (vallée de Ziz), la coiffure consiste en deux grosses tresses épaissies avec des poils de chêvre « inzadn n taghat » et s’écarte derrière les oreilles pour prendre une forme finale dite « aqzzaw » (Merielle Morin- Barde:1990,p30). Chez Ait Bou iknifen ( Ait Atta ) de Ouaklim et de M’ssemrir, les tresses sont simplement tressées et retournées sur la tête, avec un accessoire que représente un « épais rembourrage » fait de chiffon imbibé de henné, prenant la forme du croissant et attaché solidement sur la crâne, ainsi que le mouchoir qui l’enveloppe et avance en visière sur le front..
Chez les Ait Bou iknifen (Ait Atta) de 1990,p30) de Ouaklim et de M’ssemrir, les tresses sont simplement tressées et retournes sur la tête, avec accessoire que représente un « épais rembourrage » fait de chiffons imbibé de henné, prenant la forme du croissant et attaché solidement sur la crâne ainsi que le mouchoir qui l’enveloppe et avance en visière sur le front.
La coiffure féminine chez les Ait Hadiddou prend une forme pointue donnée par «aqlluz », fait de cheveux tressées enroulées et serrées dans un chiffon surtout chez les tribus d’Ait Brahim qui ne laissent pas apparaître la frange «tawnza ».
Parmi les élément de parure les plus fréquents, nous relevons le Khôl et les fards rouges. Le Khôl servant’ élément décoratif et d ’ornement, permet de fortifier et de «laver » les yeux ou même« d’arrêter les larmes ». La femme embellit ses yeux avec du Khôl et ses joues avec des fards rouges « laaker » avec lequel on marque différents parties du visage sous forme des tâches « tiqiffatin » ces deux éléments de maquillage sont répandus dans toutes les tribus du sud-est, et sont conservés dans une boite en plastique pour « laaker « et de roseau pour le Khôl « tazult ». La vieille femme persiste de nos jours à porter ses grands bracelets « izbian », sa ceinture appelée« tasmrt » confectionné à base de fils de laine rouges et noirs.
3.3 Les fêtes rituelles et agraires :
Il s’agit des phénomènes cycliques reliés aux activités économiques et culturelles. Ces fêtes diffèrent d’une communauté à une autre et sont célébrées selon le calendrier agricole dit « lmnazil ». Elles sont devenues des rituels et marquent le début et la fin des différentes activités agricoles. « lbarouk » est l ‘une des fêtes qui inaugurent la nouvelle année agricole. Dans la région de Dadès ce repas collectif s’effectue au mois d’octobre, avant de semer le blé, et il est précédé par la collecte des dons auprès des habitants, avant que des femmes volontaires préparent un grand met auquel goûte tous les membres la communauté, et ce, dans un lieu sacré(près d’une mosquée ou d’un marabout). Cette manifestations se termine par des prières adressées à dieu «dduâ », pour protéger les terres et les rendre fertiles.
« NNayr » ou « ggid sggas », la nuit de l’an, est une fête célébrée le 13 Janvier partout dans le monde amazighe.
Dans la région, toutes les familles veillent à ce que l’on respecte les rites, notamment le plat des sept légumes, ou «Ighs » , un os caché dans un plat de bouillie ou du couscous, selon les familles le premier membre de la famille qui trouve cet os est considéré béni « Ambark ».
Pendant cette fête, les familles aspirent à une année pluvieuse et une vie meilleure.
Il est nécessaire de relever certains rites qui varient selon que la famille est conservatrice ou non. Lors de la construction d’une maison et avant de placer le seuil en bois « ltbt », il est indispensable que la maîtresse de la maison fournisse un repas de volaille aux maçons sur leur demande, si non Ils ne mettront pas le seuil à la nouvelle maison.
Quand à la cérémonie de la quête de la pluie, certaines régions la fêtent à la manière de « tlaghenja », d’ autres l’on remplacée par une prière « ragoratoire » (AliAmahan, 1998p230) . « tlaghenja » est un personnage féminin fictif qu’on fabrique à l’aide d’une longue cane habillée en femme et décorée à la tête. Les petites filles s’en chargent et font le tour des maisons en chantant et en collectant les dons. Les chants de ces jeunes filles consistent à vanter « tlaghenja » » et son pouvoir de ramener la pluie.
La fête marque un repère dans le temps entre les activités, ainsi elle intervient pour perturber et interrompre la monotonie et la régularité de la vie quotidienne. Pour ce qui est des fêtes civils tells que le mariage, la naissance, la circoncision… elles marquent les étapes intéressants de la vie humaine.
En dehors de la naissance qu’on ne pas gérer, les fêtes civiles sont aussi reliées aux activités agricoles, elles sont généralement programmées après les récoltes de l’été.
3.4 Le mariage et le statut de la femme :
Comme nous l’avons signalé, ci dessous, les cérémonies du mariage ont lieu pendant la saison des récoltes. Les préparatifs commencent un mois avant, et chaque famille attend que les autres soient prêtes à célébrer cette fête la même semaine.
De ce fait, et pour s’entraider parce que chaque famille retient une grande foule parmi les membres de la famille et les amis, ont peut compter jusqu’à une dizaine de famille par semaine dans une seule région. Mais le plus souvent, plusieurs familles se réunissent dans un même endroit généralement le plus proche pour toutes ces familles, autour d’une grande tente noire (taxamt), où sont installées les épouses voilées et où elles demeurent trois nuits.
Généralement, dans toutes ces régions, le mariage commence le lundi. Ce jour là, le lundi vers midi, une grande foule accompagne l’épouse en chantant et en dansant tout au long du trajet jusqu‘à la future maison. Chez quelques tribus d’Ait Atta (Sahro), l’épouse ne verra sa future maison qu’après trois nuits passées avec son mari dans une autre maison. Elle reste voilées dans la tente noir, dans le but de se rassurer de sa virginité. Et dans le sens contraire, elle sera renvoyée sans outrager la pudeur de la maison de l’époux.
Dévoilées la troisième nuit, les épouses de la communauté assistent comme spectatrices, près de la tente, à «Ahidus » et parfois elles peuvent participer à la danse collective avec les autres femmes.
Le lendemain de la fête appelé «Boutama », les vieilles femmes soignent la coiffure des nouvelles épouses pour leur attribuer la chevelure d’une femme responsable ( voir habite et parures) en quittant celle d’une fille crédule et naïve.
Une fois le mariage fini, l’épouse «tislit », accompagnée de sa belle-mère où sa belle sœur, fait le tour de toutes les propriétés foncières de sa nouvelle famille dont elle serait dorénavant responsable. Les premiers mois du mariage sont une période d’examens et d’exercices pour «tislit » qui évite de vexer ou d’irriter sa belle-mère. Celle- ci la contrôlant minutieusement, peut la renvoyer des les premiers mois. Ainsi l’épouse n’est bien installée que lorsqu’elle accueille son premier enfant.
En dépit des souffrances de ces premiers mois, des difficultés d’adaptation au foyer, et des conflits avec la belle-mère (tamghart), l’épouse acquiert l’intérêt des ses nouveaux parents. Chaque membre de la famille évite les malentendus et la considère comme une fille ou une sœur de la famille, puisque celle- ci, après un certain temps, maîtrise le patrimoine matériel et culturel de sa nouvelle maison.
La belle-mère (tamghart), ayant transmis tout l’héritage culturel, matériel et symbolique ) «tislit » cède à cette dernière la place de maîtresse de maison après un certain temps de méfiance. Dans les régions à l’étude, la femme, quoique analphabète, maîtrise les règles de bienveillance vis à vis de son entourage. Elle respecte les gens et ne se mêle pas aux affaires des hommes qu’en l’absence de son mari qu’elle représente dans les domaines. De ce fait, elle peut s’acquitter des quelques dettes de sa famille, chercher et payer les ouvriers dans les champs, se charger de l’achat et de la vente des bétail,…
La femme fait sa prière, écoute le hadit en amazighe et obéit à son mari qu’elle respecte. Toutefois, elle peut se révolter si elle juge que le respect n’est pas mutuel et peut se venger elle-même. Bref dans les zones rurales, la femme est à la fois gentille et douce, si elle est respectée, et méchante si on outrage sa pudeur.
L’importance que revêt la femme dans ces régions se révèle dans les noms que portent certaines familles, (Ali Amahan, 1998 :p27) comme, Ait aicha, Ait louhou, Ait taaichat... Elle est le pilier de la famille et de la communauté, ou encore elle est tout le foyer, on dit pour faire allusion au mariage « isker takaf ns » il a fait son foyer, pour dire qu’il s’est marié ou « imand d takat ns », il est venu avec sa femme.
On constate donc, que l’homme seul ne peut pas constituer une famille, alors que la femme représente tout le foyer «takat ». Dans certaines région, ou l’appelle « almssi », le petit fossé ou on allume le feu à la maison et dénote « avoir une femme pour le mariage ». « takat » et «almssi » sont, alors, deux éléments essentiels qui désignent à la fois la femme et le feu indispensables pour édifier une famille, et c ‘est ce qu’avance le proverbe local ; « Titwtmin ayd ittgan takatin », ce sont les femmes qui font (constituent) les familles.

II La littérature amazighe :

Une riche tradition orale
Comme tous les peuples à tradition orale qui n’ont pas ou qui ont perdu leur graphie au fil de l’histoire, le monde amazighe emmagasine un héritage culturel et possède une littérature orale constituée par des genres variés : les productions poétiques, les contes, les proverbes, les légendes et les devinettes.
La littérature d ‘expression amazighe cache un enseignement, une force énigmatiques des images poétiques par rapport à des réalités vécues et minutieusement observées.
Boukous (1995,190) écrit à ce propos que «La tradition orale est la mémoire collective des communautés rurales, elle est le réceptacle qui recueille et consigne, dans la parole ancestrale, les expériences accumulées à travers l’histoire, ou par celles ou l’écriture demeure l’apanage des clercs ».
En effet, malgré l’absence d’une tradition scripturale, la parole participe à maintenir la mémoire d’une société ; elle est la principale source qui retrace l’histoire de cette société pour reconstituer son passé et ses expériences vécues.

1-La poésie :
Au Maroc, et dans les régions à l’étude, la poésie est le genre littéraire le plus vivant et vivace, apprécié par tous les âges et toutes les couches sociales.
La poésie est sous- catégorisée selon qu’elle est chantée ou non, accompagnée ou non d’un support musical. Deux types essentiellement importants sont à distinguer : Les poésies non chantée composée par les poètes amateurs (tanddamt- tamdyazt), et ce, dans les souks hebdomadaires ou dans les villes traditionnelles sous forme de « hlqa » où « amdyaz » promet à ses clients de produire quelque chose de nouveau chaque fois qu’il vient. « amdyaz » ou « anddam » aborde les thèmes d’actualité tels que les élections, la guerre de Golf ou du proche orient, la corruption…et ce dans le respect des règles rhétoriques, de la rime et du rythme du poème.
La femme compose aussi une forme spécifique dite timnadin ; sing « tamnat », qui exige un long souffle et un allongement de la rime finale. Ce genre poétique s’affirme au cours des activités à domicile ou dans les champs et il est centré sur l’amour conjugal, la mort, l’hypocrisie…
Un autre type poétique composé par les poètes chanteurs professionnels comporte « l’izli » ou « amarg » et se présente lors des manifestations publiques ou privées. La poésie chantée à l’aide d’un instrument musical convenable et conforme au rythme voulu, s’inspire des valeurs morales, religieuse et sociales.

2-La Prose :
La prose à un poids non moins important que la poésie. La littérature en prose comprend des genres riches comme le conte, la légende, le dicton, le proverbe et la devinette. C’est ce dernier genre qui fait l’objet de ce travail.
a- Le conte
Le conte d ‘expression amazighe est travaillée avec finesse et révèle les talons des conteurs qui remontent à des siècles lointains. Certains ont constaté la similitude du conte amazighe avec les contes européens du moyen âge, mais surtout avec les fables de la fontaine (Annick Zennaki, commentaire des contes de l’Atlas de Marrakech de Leguil Alphonse 1988,225).
Les contes qu’ont reçus les jeunes générations de la bouche de leurs mères ou des anciens présentent une esthétique pareille au travail romanesque classique occidental ou arabe. Le conte contient une situation initiale, un nœud, et un dénouement ; En outre, l’unité d’action, du lieu et du temps y est présente et les thèmes, les structure, les personnages y sont refondus(A zennaki, ibid).
Le conte d’expression amazighe, par le biais des êtres humains ou des animaux, met en scène les rivalités et les conflits imposés à l’homme depuis sa création, comme si le conte tente d'enseigner à l’homme son devoir envers la nature et envers Dieu, et ce pour garder l’harmonie de l’univers. Ainsi on constate le triomphe de la raison, de la justice et de la paix dans la plupart des contes, du moins ceux récoltés par Alphonse Leguil (1988).
De ce fait, le conte est un témoignage intéressant sur la littérature amazighe puisque celui- ci tente de fournir une explication au monde, et parfois à la déchéance de l’homme, lorsque le conte met en scéne un être humain qui, incapable de rendre la justice, cède sa place à un animal qui devient le “ cadi ” (juge). Enfin, le conte recèle des leçons de morale et d’éducation pour les enfants. Boukous (1995,195) considère que “ le conte est aussi pour l’enfant une source d’information et de socialisation, un moyen par lequel la tradition inculque la morale, le savoir et le savoir-faire ».
b- Le proverbe:
Selon le dictionnaire le Robert(1984), le proverbe est une “ vérité d’expérience ou conseil de sagesse, pratique commun à tout groupe social, exprimé en une formule généralement imagée ”. Il est aussi une devinette sans solution et véhicule une vérité générale énoncée à un moment donné sur un événement qui s’est produit, et se répète comme leçon de sagesse et de raison pour qu’une faute commise ne se reproduise pas.
Chaque société, chaque communauté formule des proverbes suivant ses rites et ses conventions. Ainsi un proverbe traduit ou énoncé en dehors de la culture et la langue qui lui ont donné naissance, perd une bonne partie de son sens. Le déchiffrement du proverbe dénote une maîtrise réelle de la compétence culturelle de la communauté.
Pour saisir le sens et la situation de l’énonciation du proverbe, il faut cerner le signe linguistique amazighe (signifié/signifiant) et à quoi renvoie chaque élément des proverbes puisqu’il sont employées métaphoriquement. Le proverbe amazighe recèle la sagesse collective du groupe, il énonce en des formules laconiques des valeurs de la communauté: la fraternité, la solidarité et le travail.

c- La devinette:
Si la poésie, le conte et le proverbe ont fait l’objet de nombreuses recherches, collecte de données et études, la devinette qui nous intéresse dans ce travail n’a pas encore attiré l’attention des chercheurs. F.Bentollila (1986) était le seul auteur qui a éprouvé un intérêt à cette forme littéraire en collectant environ 750 devinettes dans tout le territoire amazighe. L’auteur s’est néanmoins limité à des petits commentaires insuffisants pour mieux saisir l’originalité des devinettes.
La devinette est une question dont il faut deviner la réponse. Il s’agit d’un genre littéraire consistant en un jeu de langage ; le locuteur énonce une énigme que l’interlocuteur doit déchiffrer.
Dans les sociétés traditionnelles, la devinette s’affirme an cours des veillées familiales où les parents lancent un défit aux petits enfants pour leur inculquer une morale et les initier à leur culture maternelle. A leur tour ces enfants se contentent de défier leurs camarades sur ce qu’ils ont appris de la bouche de leurs parents.
La devinette est parée d’une rhétorique faite de métaphores, de parallélismes et de rapprochements singuliers des éléments. Elle s’énonce en un langage simple ordinaire, mais le sens caché est déroutant et s’éloigne des éléments qui le caractérisent. Autrement dit la solution demandée est décrite avec finesse qu’il est difficile d’y accéder, même si la réponse renvoie à un objet qu’on a l’habitude d’utiliser. Le déchiffrement de la devinette exige, de ce fait, une clair voyance et une maîtrise parfaite de la culture du groupe, car il ne suffit pas de comprendre le sens immédiat de l’énonce.
Deux types de devinettes sont à distinguer: la devinette en prose qui a une audience apurés de toutes les couches sociales. Elle est annoncée par la formule “ mzrgh ak tn ”, (je te la pose à dernier). En cas d’échec, c’est à dire l’échec du fourni à la réponse recherchée, l’interlocuteur répond “ qqnghas ”, (j’ai fermé). Dans ce cas le locuteur donne la réponse gh La devinette en poésie est un genre, non moins important que celui en prose, il est appelé “ tighuniwin ”. Ce type s’énonce entre deux poètes qui, l’un formule des devinettes sous forme de vers avec une certaine mélodie, l’autre donne la solution ou la réponse dans le même rythme et la même mélodie en respectant la rime, les assonances et les rapprochement. Les poètes les plus connus sont “ ouaasta ” “ aamr oumahfoud ” et “ ouhachm ” qui sont tous de l’Atlas central.
Après cette présentation succincte des différents genres littéraires qui consistent la littérature amzighe, nous consacrerons un second chapitre à l’analyse de la structure de la devinette en prose, ainsi que des éléments mythologiques et anthropologiques qui la nourrissent.

III Approche structurelle (formelle):

1- Disposition de la phrase:
La devinette est de nature une question qui ne porte pas les marques de l’interrogation (intonation interrogative, morphème interrogatif...): “ may gan...? ”, “ is tsnm may igan? ”, qu’est ce que? (Connaissez vous...?).
Elle se présente le plus souvent sous forme d’une phrase déclarative, et rarement comme phrase exclamative ou interrogative, aux quelles s’ajoutent des types facultatifs tels que la négation, le passif et/ ou l’emphase. Selon le procédé suivi pour décrire une chose, la phrase verbale peut être simple où dominent les actions successives d’un même sujet (que représente la chose ou l’objet à dévoiler):
(I1) Il nait le matin, devient adulte à midi,et meurt le soir
Da ditlala sbah, ig arrim ammas n wass, immt talggat.
v c ct v adj. c c t v c c t
Cet énoncé présente un parallélisme syntaxique et rythmique et une énumération des actions, de même pour l’exemple (I7) auquel s’ajoute un parallélisme consonantique ou une reprise du même mot “ iqrray ”:
Da ditala s iqrray, ixitr bla iqrray, immt s iqqrray.
s v c, d’accomp suj+v c.d’accomp s+v c.d’accomp
Il naît avec cornes, grandit sans cornes, et meurt avec cornes
Ou encore plusieurs sujets pour plusieurs actions, décrivant l’objet à dévoiler par sa fonction (ou ses fonctions): (II25)
Ka da ymggr, Ka da ysrwat, lbhr aysmunu
suj v suj v suj v
L’un dépique, l’un brasse, la mer ramasse
Le cas de (III45) présente également la même structure:
ign yan, yawgh yan, i ftu yan
v + s v + s v + s
L’un dort l’un mange l’un s’en va
Et (II50) présente toujours une énumération des étapes, un parallélisme syntaxique et rythmique et un rapprochement de sens:
i kat aq iwtbir, ikt utbir iysisawn, kint isisawn i lzmat
v +s + c.o.i v + s + c.o.i v + s + c.o.i
Le corbeau l’a donné à la colombe qui l’a donné aux poussins, ces derniers l’on distribué au groupe de même pour (VI91):
tka rba iyignna, tk rba i wakal, tk rba i babns
s+v c.o.d+c.o.i , s+v+c.o.d+c.o.i , s+v+c.o.d+c.o.i
Elle a donné quatre au ciel, quatre à la terre et quatre à son propriétaire.
Nous pouvons déceler les mêmes caractéristiques à travers les exemples:(I4) ,(II14) ,(II22), (VI88).
On peut relever une autre structure courante dans les devinettes amazighes. La devinette s’énonce en une phrase verbale avec deux parties; La première est affirmative, la deuxième et négative se rapprochant parfois de la concession (affirmation/ négation):
ex: (I6)
ittudda ur izzulli
s + v ne pas s + v
affirmation négation
Il a fait ses ablutions, mais il n’a pas sa prié
ex: (III28)
Da ttawy awal ur da tsawal
s + v c.o.d ne pas s + v
affirmation négation
Elle transmet la parole, mais elle ne parle pas
ex: (III38)
ilulad s tamart, imt bla tamart
s + v sp s + v sp
affirmation négation
il est né barbu et meurt imberbe
La devinette peut aussi être formulée en deux parties avec quatre segments (aff/ nég, aff/nég).
ex:(III41)
ila ighf ur ili alni, ila ifrawn ur da yttaylal
s+v+subs ne s+v+subs s+v+subs ne s + v
aff p
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